Les Fêtes de Gayant à Douai
Le Grand Hebdomadaire Illustré – 18 juillet 1926
(Collection D. De Coune /Terre de Géants)
La première journée, des fêtes de Gayant n’a pas été favorisée par le temps ; une pluie fine n’a cessé de tomber durant la matinée et le ciel s’est seulement un peu dégagé l’après-midi.
Après le concert-apéritif offert par la Musique dies pompiers, et qui attira, place Carnot, quelques intrépides promeneurs, la foule se porta, à midi 30, à l’hôtel de ville, M. Escoffier, maire, entouré de ses adjoints, reçut les délégations participant au cortège des corporations, de la reine du bâtiment, des reines de la mode et de l’habillement ; puis les écussons corporatifs furent remis aux organisateurs.
Cinq heures, sur la place d’Armes.
Un public immense a envahi le terre-plein, l’entrée des rues de la Mairie, de Bellain, de Valenciennes. Toute la population douaisienne, les habitants de la banlieue, les nombreux visiteurs sont réunis dans cet espace relativement étroit.
Bientôt une voix éclatante, qui semble sortir d’une caverne lointaine, domine le bruit de cette foule et sollicite sa générosité en faveur des colonies de vacances.
Le haut-parleur, installé dans une grande auto, se rapproche rapidement.
Suivent les trompettes à cheval de la garnison, les clairons, les tambours et la musique des pompiers, les bannières des sociétés locales.
Voici le char des « Amis de Douai » : il .représente la ville de Douai sous les traits d’une jeune femme vêtue de blanc, assise sous un dais et entourée de pages et de jeunes filles. L’ensemble est gracieux et d’une extrême simplicité.
Le char de l’Alimentation est plus chargé. Gargantua trône au milieu de nombreux charcutiers, pâtissiers et boulangers. On remarque des figurants qui font honneur à la cuisine douaisienne. C’est un des chars les plus gais à l’œil et des plus vivants.
Le char des Vins et Spiritueux attire aussi les regards.
Au point de vue artistique, le char de la Sculpture, composé par MM. Delcroix et Rogerol, a rallié tous les suffrages. Jean de Bologne, dans un décor grandiose, produit le meilleur effet.
Une idée très heureuse a conçu le char allégorique du Bâtiment avec ses gnomes et ses ouvriers d’état.
Le chair du Vêtement et de l’Ameublement, où sont groupés d’aimables jeunes filles habillées avec goût, soulève dans le public de vigoureux applaudissements.
Nous voici maintenant au milieu des roses, avec le char de l’Horticulture ; un galant jardinier et une coquette fleuriste jettent des bouquets aux spectateurs ravis.
Le char de la Mine, organisé par la Compagnie d’Aniche, mérite les plus vives félicitations. La structure d’un puits, quelques galibots, de jeunes ouvriers et, en avant, une énorme gaillette d’un seul morceau, du poids de 3.000 kilos. Pour être remontée intacte, dans une berline garnie de paille, elle aurait coûté, dit-on, plus de 2.000 fr à la Compagnie.
Le char Colombophile, installé par le groupe fédéral des sociétés colombophiles, ferme la marche.
Plusieurs excellentes musiques ont complété le succès de cette pittoresque cavalcade.
Les costumes étaient frais ; la plupart des compositions avaient de l’originalité, et le nombre des chars était très suffisant.
Dans la foule, on n’entendait que des éloges à l’adresse des organisateurs. Bref, les Douaisiens de 1926 ont passé une agréable journée, et leurs ancêtres, M. et Mme Gayant, se sont associés à leur joie.
Tous deux, sur la place d’Armes, présidaient de haut aux réjouissances populaires et, pour marquer leur satisfaction, ils sautillaient légèrement, avec cette grâce qui les caractérise.