Au fil du temps, Hazebrouck (F) s’est enrichi de la présence des Géants Roland (1931), Tisje-Tasje (1947), Toria (1960), Babe-Tisje (1980) et Zoon-Tisje (1998), tous tous étant animés par l’association « Les Amis de Tisje-Tasje ». Mais avant l’arrivée du plus ancien Géant actuel, Roland, qui, de nos jours, fait, pour le moins, une sortie lors du cortège historique de la Mi-Carême, un Géant l’a précédé : Chat’je Meuryrice. |
AU CORTÈGE DES FÊTES DU COMMERCE A HAZEBROUCK
(Le Grand Hebdomadaire Illustré – 6 mars 1927 )
A l’occasion de la fête du commerce qui, tous les ans, acquiert, à Hazebrouck, de plus en plus d’importance, un cortège carnavalesque organisé par « les Amis réunis de Tis’je Tas’je » a défilé à travers les rues de la. ville.
A l’heure fixée, le cortège s’ébranle, précédé d’élégants commissaires à cheval.
Le soleil s’est mis de la fête, la température est. douce agréable, et le parcours en sera suivi avec le plus vif succès.
Le célèbre tambour-major « Syenraw » obtient un vif succès, monté sur échasses, il précède la batterie des sapeurs-pompiers, les Trompettes et l’Union musicale.
La grippe, en ballade, se compose d’un dispositif ingénieux qui fait honneur à son auteur; c’est alors le « Congo-Jazz » , orchestre moderne de nègres ; les Jardiniers hazebrouckois ont leurs outils de travail ; c’est ensuite la « Vie de Bohème », avec ours savant et docile ; un char attire l’attention : « La ruée vers l’or « ; « A un guichet de banque », où voisine le coffre-fort, des paysans et paysannes se ruent à tour de rôle vers le -comptoir; une bouquetière, gentiment costumée, arrive, puis c’est le char-réclame de la maison Dinœux, où les grooms élégants présentent à la foule des échantillons de chicorée ; une voiturette présente avec son âne deux autres « entêtés ; un groupe original : « A chacun ses moyens » , a un vif succès ; c’est alors le vainqueur du « Tour de France » ; un charmant bambin en bicyclette ; Crise de logement, ;une fillette gentiment costumée: « La cerise »,et l’homme sandwich précèdent la. fanfare du Reuse de Steenvoorde, qui exécute la marche du géant : « Yan den Houtte Kappe » dansant et sautillant ; le bailli, les notables et corps de métiers en costume de l’époque suivent leur géant et sont très remarqués ; un groupe de diablotins dansent autour du géant ; un bel effort a été fourni par le Vélo Club Hazebrouckois, qui a créé « Le Retour de pêche des Pierrots », une barquette légère est conduite par quelques cyclistes aux montures décorées et fleuries ; un Magasin de bric-à-brac indique qu’on vend meilleur marché qu’en Belgique ; ce sont alors les trois « entêtés de la Lys » , aux grosses têtes enluminés ; la voiture réclame de « Wood-Milne » arrive, et alors ce sont les marchands de peaux de lapins, peaux qui poussent leurs cris favoris ; une Japonaise et. une Espagnole ont de jolis costume ; c’est alors le déménagement à la cloche de bois avec son attirail de bric-à-brac fixé sur des brouettes ; une voiture-réclame « Baril-Bar », et c’est le retour d’un concours de boules qu’a organisé avec succès la société des « Amis réunis », un garde champêtre de taille le précède et les membres chantent aux: gros succès de la ballade du Joueur de boules ; une physionomie bien connue, c’est« Chat’je Maurice », juché sur une torpédo ; la Chauve souri ; le « Pio o Clock », un Marocain à cheval, en costume d’origine ; la. société « Saint-Hubert », disposé sur un char décoré de plantes vertes et de branchages, ,exécute ses meilleures sonneries ; une Noce originale est accueillie avec joie ; arrivent successivement la Mode en ballade, retour de foire, Pierrots: montés donnant l’origine de la fête « 1922 », par le cercle l’ Orphéon ; l’Harmonie de Steenbecque exécuta sans arrêt les airs populaires de Flandre, sous le titre « La Marche de Tis’je· je Tas’ je »,-composition de M. J. Pattein ; c’est, enfin, le cabaret d’autrefois avec ses paysans à la casquette ancienne, jouant une partie de cartes et fumant la pipe ; Tis’je Tas’je et son épouse ont pris place dans une élégante-Citroën B-14 ; le Jazz Fernando ferme la marche.
Partout, la foule fut très dense et comparable à celle qui afflue chaque année le cortège historique de la Mi-Carême.
Bref, ce fut un gros succès dont les Amis Réunis de Tis’ je Tas’je ont droit de se montrer très fiers
Chat’je Meuryce d’Hazebrouck. Grâce au volumineux dossier de Monsieur Malbranke Claude, Membre de la Commission historique du Nord et de la Commission des Monuments historiques du Pas-de-Calais, qui fit paraître dans les bulletins du Comité flamand de France en 1949, en 1951 et en 1952, des articles très documentés sur les géants processionnels en Flandre, j’ai pu obtenir de précieux renseignements sur Chat’je Meuryce d’Hazebrouck. Chat’je Meuryce était un barbier qui allait de porte en porte pour raser les gens et colporter des historiettes. Il transportait son bidon d’eau chaude et son plat à barbe. L’almanach de l’Indicateur d’Hazebrouck de 1908 a publié pages 89 et 90, dans sa chronique « Les morts de l’année 1907 » une photographie de Chat’je Meuryce et l’article documentaire que voici : « Charles Meuryce, qui est décédé le 25 février 1907 à l’hospice-hôpital d’Hazebrouck où il était entré quelques mois auparavant, était la plus pittoresque figure qu’ait comptée le Panthéon des célébrités locales. C’était un « type » dans toute l’acceptation du terme et sa curieuse personnalité avait tenté le pinceau d’un peintre hazebrouckois Monsieur Fernand Grabezewski, qui fit du vieux barbier un portrait à l’huile des plus ressemblants. Ce portrait qui obtint un grand succès lorsqu’il fut exposé à la vitrine d’un tapissier, au moment de la fête de Mi-Carême, orne aujourd’hui les murs du « Café du Cerf », Grand’Place. Chat’je Meuryce, comme on l’appelait était âgé de 82 ans, il exerçait sa profession depuis 72 années, car c’est à dix ans, raconte-t-on qu’il commença à manier le blaireau. Plus tard, il devint un virtuose du rasoir et compta dans sa clientèle les notabilités de la ville les plus en vue. Jusqu’au bout, il conserva des « pratiques » fidèles malgré la concurrence que lui fit le progrès sous la forme des perruquiers et coiffeurs « modern style ». Il arrivait chez ses clients muni de ses ustensiles (plat à barbe, trousse, serviettes, bouilloire, planche à aiguiser les rasoirs) et aussi… de toutes les histoires et de tous les potins de la ville. Il prétendait d’abord ne rien savoir de neuf, mais, à mesure que l’onctueux savon barbouillait la figure du patient, la langue de « Chat’je » se déliait et, l’opération terminée, on connaissait très bien toutes les histoires du jour. Si, au point de vue de la physionomie générale, Chat’je Meuryce semblait être un homme d’un autre âge, il était bien de son siècle cependant par son affection pour les médailles et les rubans. Ses amis prirent plaisir à développer en lui cette « décoromanie », ils lui offrirent à toute occasion des crachats et des diplômes, lui persuadant que toute cette ferblanterie lui arrivait par l’intermédiaire des chancelleries. Le grand hebdomadaire illustré du 6 mars 1927 mentionne la participation du géant hazebrouckois Chat’je Meuryce au cortège qui eut lieu lors de la fête annuelle du commerce de 1927. Le géant était juché sur une superbe torpédo bien fleurie et portait sur la poitrine trois rangées de décorations rappelant son amour particulier pour les décorations. |