Le Cortège de la renaissance de Lille
L’Illustration – 10 juin 1922
(Collection D. De Coune/Terre de Géants)
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Va-t’en aux fêtes de Tournay,
A celles d’Arras et de Lille,
D’Amiens, de Douay,,
de Cambrai, De Valenciennes ou d’Abbeville,
Là verras-tu. de gens dix mille.
Ainsi chantait au XVème siècle le poète Martin Lefranc.
Nos provinces du Nord qu’on appelait encore en ce· temps-là, avec quelques autres, les Pays-Bas, étaient réputées pour le luxe de leurs fêtes publiques.
Festins, tournois, centenaires, visites de souverains y revêtaient un caractère d’apparat grâce au concours de toutes les richesses d’art qu’on y trouvait à foison, grâce aux ressources innombrables des industries de luxe qui s’y développaient.
Tous les Lillois curieux d’histoire locale connaissent le « Tournoi » de Valenciennes de 1331, le « Repas du Faisan » donné à Lille en 1454 par Philippe le Bon et qui fut une féerie de décors et de divertissements. C’était l’époque célèbre des cortèges, des caparaçons, des bannières, de ces ripailles et beuveries flamandes qui furent illustrées par des maîtres et sont restées comme une définition de la franche humeur de nos populations, d’autant plus friandes de plaisirs qu’elles étaient âpres au travail.
Il semble que cette époque soit revenue.
Depuis la libération, les fêtes se succèdent à Lille et dans tout le Nord avec frénésie. Chaque quartier de la ville a constitué un Comité des fêtes et les comités rivalisent d’initiative et de hardiesse.
Il faut leur rendre cette justice qu’ils travaillent d’ailleurs avec le plus grand souci de l’exactitude historique et de la tradition. Il ne s’agit pas pour eux d’organiser des fêtes dans le goût de tout le monde.
Non, il leur faut des fêtes flamandes avec les usages, les souvenirs, les drapeaux et les costumes de la Flandre.
C’est ainsi que pour les fêtes de la Renaissance qui se sont déroulées le 4 et le 5 juin d’éclatante façon, ou avait longuement étudié les vieux textes et on avait fait exécuter, d’après les modèles anciens, des bannières et des colliers d’archers comme les musées seuls en ont encore.
On n’avait pas oublié non plus qu’aux temps des magnificences qui ornent les chapitres de notre histoire, les Belges et les Flamands ne faisaient qu’un peuple. Tournai, la ville sœur, avait été invitée en la personne. de son bourgmestre, M. Wibaux, et de ses échevins, et Bruxelles avait envoyé son maire héroïque, M. Max, que Lille reçut avec enthousiasme.
On pourrait· ire, comme les chroniques cle 1516, que dans la ville « toutes les maisons et rues étaient parées et accoutrées tant de draps que de verdure fleurante et odoriférante ».
Des milliers de personnes étaient venues de toutes parts, 140 sociétés de musique parcoururent la ville pendant deux jours, s’arrêtant sur les places et dans les cafés pour donner des concerts, et les auditeurs ne tardaient pas à se former en couples et à danser.
Le premier jour, en plein cœur de Lille, la reine de Lille fut couronnée solennellement et les cinq reines de quartier, ses vassales, lui rendirent les honneurs dus à son rang nouveau.
Le lendemain, dès quatre heures, sous un ciel bleu presque inconnu de nos régions dont on ne pourra plus dire, sans retarder de plusieurs années, qu’elles ignorent le soleil, le grand cortège de la Renaissance débouchait sur la Grand ‘Place au cadre vivant de foule contenue et trépignante.
Des chars, des chars de toutes les formes, décorés de toutes les manières, portant à leur sommet des reines en manteau de velours et le sceptre en main ; des musiques dont le jeu multiplié se fondait en une cacophonie étrange de carnaval, qui portait à rire et excitait les spectateurs ; des cavaliers éclatants dans leurs costumes de hérauts imaginaires ; des symboles secoués sur des pavois ; des grotesques, hydrocéphales de carton, comme ce « tambour-major des Hurlus » dessiné jadis par Horace Vernet, impassibles mais grimaçants ; des enfants, des pitres, des soldats, tout cela passait au milieu des acclamations parties de la rue et qui se répétaient, d’étage· en étage, jusque sur les toits.
Mais ce qui constitua l’attraction suprême du cortège, ce furent les géants qui, depuis le moyen âge, n’ont jamais manqué à une fête lilloise, ce Lydéric et ce Phinaert, dont le combat singulier· constitue l’origine même de la ville et qui font vraiment plaisir à voir quand on songe à tout ce qu’ils contiennent de naïve tradition et de patriotisme local.
Les bons géants s’avançaient, bien droits, comiques, l’un avec un casque en tête, l’antre avec un faucon au doigt et, en passant devant la tribune officielle où les bourgmestres belges étaient assis, ils saluaient en se trémoussant, leurs grands bras vides secoués mollement et le visage toujours sévère.
Derrière eux, Jeanne Maillotte, la Jeanne Hachette lilloise, croisait sa pique et une dizaine de géants étrangers faisaient une imposante compagnie.
Il y avait là « Binbin » le géant de Douai ; « Argayan » et « Argayanne », de Nivelles ; « Lumeçon », de Mons ; « Janneke », « Mieke » et encore bien d’autres, de Bruxelles, habillés en sultans, en sultanes ou en costumes 1830.
Et quand le char de la reine des reines fut passé, tandis que la foule envahissait la place, la silhouette des géants, hautaine et grave, se découpa longtemps encore à l’horizon des rues où ils saluaient à droite et à gauche de tonte leur personne rigide.
Les fêtes de la Renaissance sont finies. Si la ville de. Lille – et le Nord – n’ont pas encore tout à fait retrouvé leur prospérité d’antan, si l’on juge que ces fêtes étaient un peu prématurées, elles furent du moins l’occasion d’une incontestable renaissance de nos vieilles coutumes, de nos traditions, de notre vieux renom flamand, de tout ce qui fait aimer le coin de patrie où l’on travaille et où l’on vit.
Georges Ferré.
Les Fêtes de· la Renaissance à Lille.
Le Grand Echo du Nord et du Pas-de-Calais – 7 juillet 1922
(© BNF Gallica)
Un cortège triomphal
La journée de l’amitié Franco-Belge
Le cortège de la Renaissance, qui s’est déroulé hier dans les rues émerveillées de Lille, a été digne de l’éclatant et triomphal prologue que nous soulignions la veille : le couronnement de la Reine des Reines.
Le soleil, comme la veille, se tenait là-haut, au fond du ciel pur et chaud, comme le magnifique lustre d’une fête de la terre … Comme la veille, un vent léger passait. Comme la veille, les murs épanouissaient leurs drapeaux et les mâts leurs oriflammes… Comme la veille aussi, la foule étant là, radieuse et pressée emplissant non plus cette fois l’étroite cuvette d’une place – fut-elle « grand » place – mais coulant en ilots libres au long des sept kilomètres de rues que devait parcourir le cortège.
Quel sort aimable et vraiment rare favorise donc les Fêtes de Lille ?
Vous souvient-il Lillois, que le jour où débuta toute cette série, de festivités, le jour où le Vieux-Lille couronnait la première reine élue, ce jour-là, le ciel se lava tout juste à deux heures après-midi, exactement à l’ouverture de la fête ?
Et avez-vous observé dimanche encore que le jour où l’ex-reine du Vieux-Lille, devenue reine des reines, allait être couronnée, les mauvais nuages disparurent ?
Le sourire de Melle Daemers a-t-il déridé le ciel ? A-t-il eu cette vertu d’éventer le soleil sur la terre grise et brumeuse de Flandre ? Ce serait à le croire.
Gracieuse reine de Lille. si ce n’est pas vous, la coïncidence est bien curieuse. Si curieuse que vous nous permettrez bien de vous en dire merci.
Merci non point pour le propre rayonnement de votre beauté – nous l’avons dit et les Lillois l’on apprécié déjà – mais pour le rayonnement du ciel que votre présence semble avoir appelé et qui a auréolé, bien au-delà de votre personne, toutes les reines et toutes tes fêtes lilloises …
LES GROUPES ET LES CHARS
L’ « Echo » du Nord en avait abondamment parlé de ce cortège.
Il a tenu ce qu’il avait promis.
Il fut grandiose, fastueux. mémorable.
Il fut incomparable par le nombre. Incomparable également par la qualité.
Il tint exactement, – fait rare – la promesse de ses 43 groupes.
Il défila, à l’heure dite, par les rues indiquées. Il passa sans défaillance, grave, lent, majestueux sous les fenêtres et les balcons qui l’attendaient.
Il passa dans les rumeurs profondes de la foule, parmi ses longues vagues d’applaudissements
Il avait d’imposants et puissants attelages des plus magnifiques chevaux de la ville.
Il passait en ordre savamment aéré, clair, bien visible, bien ordonné.
L’expérimenté ordonnateur des fêtes lilloises depuis de longues années. M. Desrousseaux, le précédait.
Quand le cortège s’éloignait, il en restait une poussière d’or, un sillage de joie et de vie.
On en parlera demain, après-demain, longtemps encore.
Certes, si ce cortège est vraiment le symbole de la Renaissance de Lille et du Nord, Lille et le Nord sont bien vivants.
L’ordre de ce cortège était d’ailleurs, soulignons-le, des plus habiles.
En tête. 4 chars intéressants. dont un d’une ligne et d’un décor remarquables : le char de la Fédération des Amicales laïques.
Derrière, la partie humoristique – parodiés poussiéreuse, comme « la Voirie d’autrefois », cocasse, turbulente, éveillant le rire et lu bonne humeur.
Puis le défilé somptueux reprenait, gradué de char en char. jusqu’à ce chef-d’œuvre de grâce, de goût, de ligne et de clarté : le char de la Reine de Lille, Le char apothéose révélait en son auteur. – M. Paul Béat. aidé de M. Charles Caby pour la partie architecturée – un artiste supérieur. Souhaitons que la ville de Lille fasse souvent appel pour ses fêtes à ce maître de l’art décoratif.
Il y avait aussi un autre artiste sur ce char apothéose. La ligne claire et simple de la pierre était sur le char somptueusement enveloppée de guirlande de fleurs mauves, vers le bas et de drapeaux clairs et radieux vers le sommet ; le premier plan était occupé par une figure magnifique du travailleur robuste, Mais il y avait aussi sur le char la Reine des Reines.
Sa fine tête brune, où brillaient deux yeux noirs, la ligne également fine de ses épaules, le geste frais de sa main jeune couronnaient et complétaient admirablement la conception élégante et supérieurement distinguée de l’ensemble.
Ce char était fait pour la beauté de Melle Daemers. La beauté de Melle Daemers était faite pour ce char.
Je ne froisserai certainement personne en disant que le char de la Renaissance était véritablement le plus beau qu’il était incontestablement le char-apothéose.
L’ordre du cortège
L’ordre du cortège était exactement le suivant :
Quêteurs à cheval ; Gendarmes ; Fanfare : 1. Char des Ruines ; 2. Groupe des enfants des écoles ; Char vaisseau ; adultes, groupes sportif ; 4. Char Ecole Baggio ; 5. Char de l’idylle ; 6. Musique des Sapeurs-Pompiers ; 7. Archers. arbalétriers ; 8. Groupe de la voirie ; 9. Tambour-major et tambours des Hurlus ; 10. Lydéric ; 11. Phinaert ; 12, Jeanne Maillotte ; 13. Binbin ; 14. Argayon ; 15. Argayonne ; 16. Lolo ; 17. Accordéonistes lillois ; 17 bis, Lumeçon de Mons ; 18. Le Soutien ; 19. Géants de Bruxelles ; 20. Groupe des brasseurs et débitants ; héraut d’armes ; fanfare des hôteliers restaurateurs sur un char ; 21. Char du cabaret flamand ; noce flamande ; garçons brasseurs ; 22. Char de la Brasserie ; 23. Char: des Fleurs ; 24. Musique belge ; 25. Groupe des bannières ; 26 Char de l’Amitié franco-belge ; 27. Groupe de Fives-St. Maurice ; 28. Reine et demoiselles d ‘honneur de Moulins-Lille ; 29. Reine et demoiselles d’honneur de Wazemmes-Esquermes-Vauban ; 30. Club amical de Wazemmes ; 31. Groupe du Vieux-Lille ; 32. Groupe de St-Sauveur ; 33. Ecole des mécaniciens ; 34. Char des Bûcherons ; 35. Char de la rééducation des aveugles ; 36. Char de l’Enseignement technique (I.C.A.M.) ; 37, 38, 39, 40, Chars réclames ; 41. Char du Bâtiment ; 42. Char des Beaux-Arts ; 43. Char-Apothéose.
Le défilé
Un coup d’œil sur le détail du cortège :
Le char des Ecoles : une jolie nacelle aux vives couleurs, sur laquelle voguaient des mignons enfants blancs, au col marin.
Puis un groupe d’enfants en un uniforme de toile bleue, puis des fillettes armées de cerceaux fleuris ; des jeunes filles armées de raquettes de tennis et enfermées dans une jolie guirlande fleurie.
Le char des Amicales : un somptueux vaisseau flanqué des armes des arrondissements du Nord, dessiné dans une belle ligne architecturale et orné des plus heureux morceaux décoratifs.
L’École Baggio, un groupe imposant sur lequel M. Gavelle, directeur de l’Ecole des Beaux-Arts qui le dessina, nous communique les détails suivants :
Chaque groupe porte des outils de grande taille : limes, marteaux, trusquin, pied à coulisse, etc. On dirait les outils d’un cyclope ravis pendant son sommeil par un essaim de nains facétieux. Une sonnerie électrique monumentale nous rappelle cependant que la conception de cet ensemble est plus moderne. Puis les apprentis de l’école portent tout cet ensemble avec entrain, on sent qu’ils portent leur travail patiemment exécuté sous la direction de leur directeur. M. Bertrand, de M. Durand, chef de travaux de l’Ecole, et de leurs contremaîtres. Les drapeaux des Coopératives flottent éclatants ; Mme Bertrand a réalisé ici les projets de M. Gavelle, et elle peut être fière du résultat de ses longs efforts. Le char inspiré par M. Gavelle est de la plus heureuse composition, l.es couleurs sont fondues avec le meilleur goût et sur un espace restreint sont assemblés en ordre parfait les attributs symbolisent le travail de l’école.
Les félicitations les plus vives sont dues à. tous ceux qui ont apporté leur concours ; M. Hordoir, dessin industriel, rue Gambetta, a bien voulu prêter la table à dessin d’un type parfait, dont un jeune élève se sert avec dextérité. La forge flamboie, le tour jette ses copeaux. L’Ecole Baggio peut être fière de sa contribution à la fête de la Renaissance.
Avant le départ, M. Dumur, ancien élève, photographe industriel, rue Gambetta, 66, a tenu à fixer les groupes autour du char.
Le groupe de la Voirie en deux parties :
Autrefois, Aujourd’hui. Le premier, poussiéreux, armé de balais usés et crasseux ; le second, armé de balais neufs et fermé par les nouvelles arroseuses municipales, bien ornées.
Le char des Ruines, arrivé en retard pour le cortège, et qui court au trot prendre sa place dans les premiers rangs. Au sommet, une Lilloise, au masque énergique, Melle Munch, reine intellectuelle et cultivée que les lecteurs du « Grand Echo » connaissent bien. Des colonnes tronquées, des femmes en deuil, les ouvriers de la Reconstitution au travail.
Les Hurlus : groupe de tambours à forme cylindrique allongée, très caractéristique
Le char des Fiançailles, (également arrivé en retard) ; une ‘fraîche décoration et une non moins fraîche figuration.
Les géants : ceux de Lille d’abord, qui savent fort courtoisement saluer la foule,
L’amusant Lumeçon de Mons, sorte de monstre marin dont la queue, armée d’un plumeau, se promène joyeusement au-dessus de la tête du public. Un gros succès de gaieté.
La populaire fanfare du Soutien, .si dévouée et si attrayante à la fois, qui est partout depuis deux jours et qui est encore dans le cortège aujourd’hui,- du moins jusqu’à la rue Esquermoise, où elle reprend sa course indépendante et endiablée au profit des œuvres du Nord.
Le groupe de la Brasserie : En tête, les opulents drapeaux de la vielle corporation. Puis le char des Cuisiniers. Puis le char du « Caveau lillois », une fraiche guinguette, qui a sa reine aussi et qui a comme enseigne « A l’Amiteuse ». Puis le char, vigoureusement coloré de Gambrinus, où un Gambrinus géant, solidement assis sur une rondelle portée par huit athlétiques garçons brasseurs, dresse en l’air deux chopes également géantes, brune et blonde
Le Char des Fleurs : un opulent parterre entre deux lourdes rampes décoratives, chargées de vasques. Au sommet, une délicieuse souveraine, brune, Melle Laigle, qui sait fort bien sourire et qui tient le sceptre avec grâce.
55 bannières belges : un émouvant et chatoyant défilé des plus magnifiques bannières de Flandre et de Wallonie.
Le char de l’Amitié franc0-belge : L’un des plus émouvants. Deux femmes symbolisent les deux nations alliées. Un poilu tient les deux drapeaux-frères.
Le carrosse de la Reine de Fives : une étincelante réédition du luxe des carrosses d’autrefois.
Les landaus des reines de Moulins-Lille et de Wazemmes, parés de toute la grâce de leurs 11 occupantes.
Le groupe du Vieux-Lille. Le plus fin et le plus heureusement réalisé des groupes de quartiers. D’abord, un flottement de coquettes bannières des vieilles rues de Lille. Des hérauts à cheval. Un char du plus imposant effet, celui qui, de tous, met le mieux en valeur, sa reine et sa corbeille des jolies demoiselles d’honneur : le char affecte la forme symbolique d’un vaisseau : « Lille qui vogue vers son avenir ». Il est couronné par un gracieux baldaquin de soie mouvante. Groupe d’une couleur et d’une distribuons des plus heureuses.
Le groupe de Saint-Sauveur : le plus imposant et le plus copieux : un long défilé d’hommes d’armes aux frais et pimpants costumes ; de mignons joueurs de fifres en costumes de l’époque ; un groupe de jolies fillettes en blancs ; enfin, le char. il symbolise « le réveil du P’tit Quinquin »et un grand luxe de décoration. Au sommet, le joli sourire de Nelly Lambour.
L’École des mécaniciens. Un imposant cordon de jeunes gens, en uniforme de gymnastique. Et une abondante exposition des habiles travaux de l’école.
Le Char de la Rééducation des aveugles. Une jolie décoration de fleurs mauves et jaunes.
Les bannières et le char de I’I.C.A.M. Un très habile groupement de travail. Sur le char, un moteur authentique et une fumée authentique, échappée d’une vraie cheminée.
Le char de la Société d’alimentation d’Aubervilliers, dont les produits sont si appréciés. (Margarine SAT). D’une motte de ce produit émergeait une reine haute de 4 m. 80, ornée d’un diadème et d’une auréole d’où se détachait en lettres d’or « SAT », la Reine des Margarines, Deux cuisinières et de nombreuses plantes complétaient ce superbe char, œuvre du sculpteur Leblon et du peintre de Jonckère.
Le char du Bâtiment : une des plus fines et délicates décorations du cortège : en haut du char, un magnifique soleil ; au fond, une palette animée. Devant le char, un imposant défilé d’écussons de toutes les corporations.
Le char des Beaux-Arts, qui serait mieux appelé : char de la sculpture et du modelage.
Pour terminer, le char de la Renaissance, char de la Reine des Reines, la véritable char-apothéose.
De par les rues…
De par les rues de l’itinéraire chacun connaît, le cortège s’est déroulé au milieu d’un enthousiasme indescriptible ! Nous avons déjà dit combien fut innombrable la foule des gens d’ici et d’ailleurs qui se pressait pour voir la jeune et jolie souveraine, Germaine Daemers ; mais ce qu’il importe de souligner c’est l’identique sentiment de sympathie qui se manifesta, en de formidables ovations, sur le passage de la Reine des Reines, dans tous les quartiers de la cité.
Et voici qu’elles furent les phases de cette marche triomphale. Dès la rue de Paris, les applaudissements crépitent, les cris montent, nourris, chaque fois qu’un char ou groupe paraît ; puis c’est bientôt une clameur immense qui emplit la longue artère lorsque le défilé commence.
Voici Nelly Lambour, reine du lieu, et son succès est formidable ; ses compagnes, les reines des autres quartiers recueillent des bravos chaleureux, elles aussi, mais quand la file des troupes bigarrées, corporatives ou grotesques fait place au splendide char de la Reine des Reines, la joie du bon peuple de Lille ne connaît plus de bornes et s’élève jusqu’au délire. Lentement le cortège avance et son triomphe va grandissant.
Par le parvis Saint-Maurice, il gagne la place de la Gare et la rue Faidherbe. C’est ici que commence un spectacle qui nous rappelle les réceptions des figures les plus célèbres.
A toutes les fenêtres, sur tous les balcons, dans toutes les nochères, sur tous les toits, il y a dû monde ! Accrochés aux réverbères, perchés au haut des échelles, grimpés au faîte des palissades, des hommes applaudissent et crient « Vivent les Reine ! Vive la reine des Reines ! lance-t-on de toutes parts. » Des fleurs sont jetées et viennent tomber aux pieds de « Sa Majesté » qui remercie émue, avec des gestes et des baisers d’une grâce infinie !
Dans les rues du Vieux-Lille, rues Carnot, Saint-Jacques, des Chats-Bossus, de la Grande-Chaussée, de la Bourse, les ovations vont jusqu’au .paroxysme ; on ne s’entend plus ! On pousse des hourras, on bat des mains, on chante des vivats ! C’est un vacarme tonitruant qui couvre tes plus puissants flonflons des fanfares !
Grande-Place, la parade des groupes se fait dans un temps d’arrêt, ce qui permet aux bons vieux géants de nos terroirs, ainsi qu’à leurs dignes cousins de Bruxelles, de s’incliner – bien bas, s’il vous plait ! – devant les personnalités de la Préfecture, de Municipalité et des bourgmestres de Belgique, qui ont pris place dans la tribune de la Grand’Garde, où la veille, Germaine Daemers a reçu son diadème royal.
M. Max, l’héroïque chef des édiles de la Capitale belge, et M. Mathieu, bourgmestre de Nivelles. tout particulièrement, reçoivent les politesses de ces messieurs de « haute » taille. Au milieu des bravos, qui continuent à crépiter comme les balles d’une mitrailleuse, voici que s’élève un « chic »,. à l’« Echo du Nord » que poussent les robustes gosiers des « Grandgouziers » des « Quat’zarts » et des Ecoles académiques.
C’est le salut traditionnel des « escholiers » lillois au journal qui soutient de sa large publicité tourtes leurs initiatives juvéniles.
Par les rues Nationale, Masséna, Gambetta, le cortège gagne Wazemmes : c’est toujours la marche au succès, au triomphe, dans une atmosphère de pur bonheur, de gaieté folle ; le ciel rit et la foule fiévreuse, trépidante. passionnée, clame son ivresse ; on lit aussi de la fierté dans tous les yeux de ceux qui encore en plus que jamais, crient : Vive la Reine de Lille !
Dans Wazemmes, ce sont des chants et des bouquets qui vont jusqu’aux Reines et bon nombre des couplets sont du cru, du répertoire de Desrousseaux ; le Cabaret Flamand obtient un succès fou !
Place de la Nouvelle-Aventure, où le cortège s’arrête, la Musique du 1er régiment des Des Guides joue devant le char de la Reine des Reines, la « Marseillaise » et la « Brabançonne » que la foule écoute tête nue. Alors Germaine Daermers, des deux mains, naturellement, envoie deux longs baisers aux vaillants musiciens de la nation sœur. Le geste va droit au cœur de tous les assistants et la minute est d’une émotion vraie…
Enfin, les géants, et Tiot Binbin de Douai le premier, ont quitté la troupe ; ces grands enfants ou trop vieux guerriers sont fatigués ; aussi s’en retournent-ils, tout doucement pédestrement !
Et le défilé se termine par les rues d’Arras, Solferino, place Philippe-Lebon, Nicolas-Leblanc et place de la République, .où a lieu la dislocation dans une allégresse générale qui, pas un instant, n’a faibli.
Au cœur de la capitale des Flandres, les populations accourues ont salué la jeunesse, la beauté, l’effort et le travail humains et la « Renaissance » s’est, dès lors, affirmer, entière, avec toute la générosité et la ténacité des « Gas de Ch’Nord ! ».
Les Fêtes de· la Renaissance à Lille.
Le Grand Hebdomadaire Illustré de la Région Nord de la France – 11 août 1922
D. De Coune/Terre de Géants)
Les fêtes des 4 et 5 juin à Lille ont été favorisées par un temps merveilleux ; elles comprenaient un concours de musique, un concours pour archers et les arbalétriers, une réception des bourgmestres de Bruxelles et de Tournai, le couronnement de la reine des reines Lilloises, et enfin un cortège dit de la Renaissance de Lille.
Il n’entre pas dans notre pensée de rendre compte de toutes ces solennités dont la presse quotidienne en a parlé abondamment ; nous volons nous en tenir aux deux principales manifestations : le couronnement et le cortège, dont nous présentons à nos lecteurs, une importante série de photographies, tout en regrettant de n’en pouvoir donner davantage.
Le couronnement de la Reine des Reines
Le couronnement de la reine des reines eut lieu, le dimanche après-midi, sur la Grand ‘Place.
Il n’y avait pas d’estrade officielle, la cérémonie eut lieu sur le perron de la Grand’ Garde, encadré de hauts pylônes drapés de tentures tricolores. Un fond pourpre, un velum blanc, des écussons, des drapeaux complétaient la décoration.
C’est dans un des salons de l’« Hôtel Belle-Vue », donnant rue Jean-Roisin, qu’avait été fixé le rendez-vous des Reines et de leur suite. Elles y arrivèrent vers trois heures et demie. C’est là que le cortège s’organisa pour se rendre au lieu du couronnement. Un héraut d’armes ouvrait la marche. Venaient ensuite la musique des sapeurs-pompiers, puis les landaus où avaient pris place les jeunes et éphémères souveraines. La foule était innombrable et enthousiaste sur le parcours.
Les reines prirent place sur le vaste perron joyeusement éclairé ; elles entouraient la première souveraine dont le trône surélevé apparaissait couvert de fleurs. De chaque côté, sur les marches, étaient placées les vingt demoiselles d’honneur qui, dans leurs robes éclatantes, formaient la couronne la plus jolie qui soit. Et voilà qu’une charmante fillette, avec la belle timidité de son âge, s’avança vers la jeune Majesté, et lui posa sur le front le diadème, emblème de sa souveraineté·.
A cet instant, les applaudissements crépitèrent de toutes parts, tandis que la musique commençait une brillante exécution.
Toute émue, Melle Daemers reçut alors, avec des brassées de fleurs, les félicitations de toutes les personnes qui l’entouraient. Elle les en remercia avec effusion. Puis, se tournant vers la foule qui l’acclamait, des deux mains, elle envoya de longs baisers, Les acclamations redoublèrent, on cria : « Vive la reine ! » ; ce fut une ovation frénétique. Et, quand, quelques instants après, le cortège se .reforma dans l’ordre où il était arrivé pour gagner l’hôtel de ville, ce fût encore et toujours d’éclatantes manifestations de sympathie et d’estime envers la gracieuse jeune fille.
C’est M. le maire de Lille qui reçut, dans la salle des fêtes de la mairie, la reines des reines et sa cour fastueuse. Un orchestre symphonique ajoutait au charme de la réception qui fût très cordiale. M. Delory félicita Melle Daemers de son élection à la souveraineté suprême et lui remit un nouvel insigne de sa royauté, une magnifique écharpe rouge brodée aux armes de la ville.
Telle fût la journée du couronnement, la première journée des fêtes de la Renaissance.
Le cortège du Lundi
Ce cortège fut favorisé par le plus beau temps du monde.
Si l’on a .pu avec raison noter la faiblesse de la conception de ce déploiement, y relever des anachronismes et quelques parties plutôt faibles, la vision n’en fut pas moins charmante.
Cela ne signifiait pas grand-chose et il fallait beaucoup de complaisance pour y voir la représentation de la renaissance de Lille, mais c’était joli: tout de même ; il y avait des costumes pleins de fraîcheurs, riches ou éclatants de couleurs, il y avait des chars somptueux et le public, qui s’écrasait pour assister au défilé, n’en demandait pas davantage.
C’est aux initiatives individuelles, corporatives ou aux groupements de quartier, qu’on a dû le succès de cette partie de la fête. Leurs efforts, leur bon vouloir, leur générosité ont tout fait et c’est à ces initiatives que revient tout le mérite du succès.
*****
Formé boulevard des Écoles, le cortège se mit en route à trois heures et demie.
En tête s’avançaient un quêteur à cheval et un piquet de gendarmerie, la fanfare des trompettes « La Diane auchelloise », suivis par Le Char des Reines, qui ne pou vait éveiller que des sentiments attristés.
Avec les enfants et le Char des Écoles, Impression fut plus heureuse.
Le Char des Écoles primaires, en forme de vaisseau, était entouré de groupes compacts de garçonnets et fillettes ; celui des Adultes et de la Renaissance des sports symbolisaient d’enseignement glorifiant l’action économique de la Flandre. En avant se dressait la personnification de la ville de Lille, entourée des attributs de l’industrie textile.
Le char de l’Idylle qui succédait à ces groupes, était simple ; mais la verdure, les fleurs, des costumes Watteau lui donnaient une amusante fraîcheur.
Ne disons rien d’une malencontreuse exhibition de la voirie municipale et venons de suite aux géants.
Ils furent un des éléments les plus curieux et les plus gais du cortège. Géants de Lille, de Douai, de Mons, de Bruxelles, de Nivelles, défilèrent au milieu des applaudissements.
Leur silhouette se dessina au-dessus de la foule tumultueuse. Ce sont de vieux amis, beaucoup fêtés jadis, et qui revenaient vivants et bien accueillis. En tête du groupe, figuraient des Hurlus, vêtus à l’espagnole.
Aussitôt après, venaient nos familiers Lydéric et Phinaert, imposants, de grande allure.
Jeanne Maillotts passa, la pique menaçante, suivie de Bin-Bin, le fils de Gayant, portant un sarrau bleu de ciel, les yeux pétillants de joie, gai et enjoué.
Argayon et Argayonne et leur rejeton Lolo étaient peu connus à Lille. Ils sont originaires de Nivelles et datent du douzième siècle. Ils étaient vêtus : l’un, d’un jupon de velours vert foncé ; l’autre, d’un jupon cramoisi. Ils firent grande impression sur les curieux.
Le fou-rire fut déchaîné par le Dragon de Mons, le plus comique des êtres fantastiques : c’est un reptile de plusieurs mètres de longueur, dont la queue, très souple et très longue, s’anime d’un mouvement giratoire qui lui permet de balayer la tête des spectateurs.
Après le groupe des Accordéonistes lillois, défila celui du « Soutien de Saint-Gilles », qui précédait la longue et imposante théorie des géants de Bruxelles, au nombre de treize. Tous ont une physionomie différente, depuis le plus petit jusqu’au plus grand.
Le groupie de la Brasserie fut également des plus réussis. La bannière de la corporation est une des plus belles, des plus .artistiques de toutes celles que nous connaissons en ce genre. Dessinée, d’après des documents anciens, par M. Wiart, elle présente, au centre, l’image de saint Arnould, patron des brasseurs, et porte aux quatre coins les attributs de la puissante corporation. Jolie de dessin, éclatante de couleur, on ne peut que louer l’ensemble de cette magnifique œuvre d’art.
Après la fanfare des Hôteliers-Restaurateurs, en habit blanc, nous eûmes le char du cabaret flamand représentant le cabaret de l’Amiteuse tenu par Mimi Lamour.
Le char des brasseurs est traîné par sept superbes chevaux. Il est entouré de garçons brasseurs en tenue de travail et représente, porté sur une sorte d’autel païen, le célèbre et joyeux Gambrinus, à cheval sur un tonneau. Sa Majesté était revêtue de tous les attributs de sa royauté. A l’arrière, complétant un ensemble des plus heureux, une vaste cuve où travaillaient, avec les outils nécessaires, quatre robustes garçons brasseurs. On y voyait aussi des hommes et des femmes faisant la récolte du houblon
Ce char, souvent applaudi, était sans contredit un des plus artistiques du cortège.
Le char de la Reine des Fleurs, avec son cadre mauve et or, était d’une architecture élégante. Lignes heureuses, décoration sobre et riche à la fois. Il était trainé par quatre chevaux. La Reine des Fleurs était précédée de ses demoiselles d’honneur, richement costumées.
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Le comité central de la colonie belge du Nord de la France avait formé un groupe des plus compacts qui fut vivement acclamé sur tout le parcours du cortège. Les cinquante-quatre drapeaux et bannières des sociétés de gymnastique, d’anciens combattants, de Jeunesse catholique et de musique de toute la région frontière, offraient par leurs couleurs vives et leurs riches décorations, un coup d’œil particulièrement agréable.
L’amitié qui unit les deux nations sœurs avait été concrétisée par un char conçu avec un goût vraiment délicat : « L’Union avant, pendant et après »
Devant une stèle de pierre, la France et la Belgique se tenaient debout, enlacées dans une étreinte rendue plus étroite par la présence, à leurs pieds, de la Victoire que personnifiait une jeune fille décorée de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre. De chaque côté du monument, des guerriers francs rappelaient l’origine com mune des deux pays ; derrière un soldat belge tenait les deux drapeaux tricolores.
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Précédée -d’écuyers et d’un héraut d’armes, la .fanfare l’ « Avenir », de Fives-Saint-Maurice, venait en tête du groupe de ce quartier.
Les demoiselles d’honneur de la reine avaient :pris place dans plusieurs landaus.
Melle Ceulenaere, reine de Fives-Saint-Maurice, se trouvait dans un magnifique carrosse doré devant lequel marchait tout un bataillon de petites pages.
Dans des voitures garnies de fleurs suivaient les souveraines des « états » voisins : Melle Marguerite Degelcke, reine de Moulins-Lille, .et Melle Yvonne Cretin, reine de Wazemmes-Esquermes et Vauban. Huit demoiselles d’honneur formaient aux deux reines une cour toute de grâce et de jeunesse.
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Le comité du commerce et des fêtes du Vieux-Lille avait fourni un effort magnifique qui fut vivement apprécié. Char, bannières et groupes costumés formaient un ensemble très homogène qui avait ce mérite particulier de rappeler les nombreux souvenirs historiques qui se rattachent au Vieux-Lille.
Un cavalier, porteur d’un cartouche : « Le Vieux-Lille » et un écuyer précédaient quatre cavaliers joueurs de fifre.
.Suivaient des bourgeois portant les vieux drapeaux authentiques de la Confrérie Sainte-Barbe, le magnifique étendard du comité du Vieux-Lille et les treize bannières des rues Esquermoise, Grande-Chaussée, de la Clef, des Chats-Bossus, place du Lion-d’Or, place Saint-Martin, rue de la Monnaie, Saint-Pierre, d’Angleterre, de Courtrai, du Metz, de la Barre et des Canonniers.
Derrière les mousquetaires et les trompettes des gardes de la reine, venait le char de la reine du Vieux-Lille. Une nef imposante rappelant l’ancienne prospérité du quai de la Basse-Deûle symbolisait l’effort de son vieux quartier. Au bas du char, un héraut .portant la bannière du Lion des Flandres ; en haut, sous un magnifique baldaquin, la gracieuse reine, Melle Marthe Morelle, ayant à ses côtés ses demoiselles d’honneur.
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Le « Réveil du P’tit Quinquin ». C’est le char présenté par le comité des fêtes de Saint-Sauveur, Saint-Maurice, Saint-Etienne. Il faisait partie d’un groupe imposant, comprenant : héraut d’armes à cheval portant le fanion du comité, de hallebardiers, une clique de fifres et tambours, cinquante chevaliers de la garde d’honneur.
Trainé par six chevaux caparaçonnés, le char était entouré de cinquante fillettes gracieusement habillées, formant les suivantes de la cour et retenant le lierre qui tombe du char.
Dans ce char trônait Melle Nelly Lambour, entourée de ses demoiselles d’honneur et de jeunes filles portant des insignes et emblèmes qui rappellent tous les corps de métiers de ce populeux quartier. La jeune reine fut très acclamée.
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Succédant aux reines, venait la Renaissance du Travail, symbolisée par les chars de l’école des mécaniciens, de l’I.C.A.M., de la Rééducation des Aveugles, du Bâtiment et des Beaux-Arts.
Très simple, le char des Aveugles précédait ce magnifique groupement. Sur une plate-forme d’assez vaste dimension, huit aveugles, les uns décorés de la Légion d’honneur, de la Médaille militaire, de la Croix de guerre, en constituent toute la figuration. Ce sont des canneleurs, des vanniers, des brossiers, des relieurs. Ils symbolisent le travail des déshérités de la vie …
La foule suivit ensuite avec intérêt le défilé des élèves de l’École des mécaniciens de la rue Auber. Ils étaient là très nombreux, entourant plusieurs petits chars. Ceux-ci représentaient le dessin avec les instruments appropriés ; l’ajustage avec une petite machine à percer ; la menuiserie avec une maison en construction, autour de laquelle étaient exposées les panoplies des travaux ; l’électricité avec un pylône amorcé pour la force motrice et un tableau d’appareillage ; la forge avec l’enclume et les outils. Fièrement, flottait au vent le fanion de l’Ecole, rouge et vert, surmonté d’une roue dentelée.
Puis venaient tous les étendards de toutes les provinces de France, portés par les aînés de l’ I.C.A.M., suivie par le char, symbolisme de cet immense atelier qu’est cette Institution si réputée.
Dominant, apparaît un cubilot de fonderie, qui crache la fonte dans une poche. De chaque côté, deux pylônes· minuscules rappellent l’électricité. Une forge réelle avec enclume surmontée d’un fer rouge se trouve au premier plan. L’ajustage et le modelage sont représentés par dies panoplies surmontées de perceuses qui fonctionnent et par des poulies de bois.
Aux apprentis, succèdent les ouvriers qualifiés du Bâtiment porteurs d’une banderole avec cette inscription : « Quand 1e bâtiment va, tout va », et d’écussons représentant des attributs de métiers.
Un cavalier brandit la bannière de la section peinture. ll est suivi d’un char gracieux. Des fillettes vêtues de différentes couleurs entourent une immense palette. Elles représentent justement les couleurs fondamentales, L’une d’entre-elles, la reine, symbolise l’architecture. Un soleil étincelant, générateur de toutes les couleurs, forme le fond du char.
Enfin, après quelques chars-réclame, venait le char des Beaux-Arts, forteresse dominée par Minerve, déesse des Arts et de la Pensée et peuplée d’élèves prêts à défendre la cause de l’Art. Des tubes de couleurs représentaient des canons, et sur les créneaux étaient peints les armoiries des villes du Nord.
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Le cortège s’acheva sous une impression splendide dans la vision du char de l’Apothéose.
Riant, fleuri, somptueux, il était le symbole de lia Renaissance de Lille, personnifiée par La Reine des Reines, Melle Germaine Daemers. qui, gracieuse, trônait au faîte de ce monument magnifique.
Ce char tout blanc, orné de nombreuses bannières, peuplé de figurants aux costumes chatoyants, était très beau. On l’admira et on applaudit la si charmante Melle Daemers.
Avec lui le cortège prenait fin dans une acclamation générale des spectateurs.
Petit rappel: Lyderic et Phinaert ont été victimes d’un incendie volontaire (voir La Voix du Nord édition de Lille du 24.03.1995.
Bonjour,
La version des Géants Lydéric et Phinaert, ici présentait date de 1851. On ne sait ce que sont devenues ces deux figures tutélaires, mais les témoignages et documents prouvent qu’elles ont passé les deux conflits mondiaux avec des sorties jusqu’au début des années 1950.
Les Géants victimes d’un pyromane sont celles qui ont pris leur succession, en 1956.