Il y a 100 ans, Lille se remet à peine des destructions de la « Grande Guerre ». Des pans entiers de la ville on été détruits (secteur de la gare, de la rue Faidherbe, de la rue de Béthune, Hôtel de Ville (le palais Rihour, qui en faisait lieu, ayant été brûlé), quartier de Moulins, détruit par l’explosion du magasin à munitions des Dix-Huit-Ponts…) L’heure de la reconstruction est venue. A cette occasion, la Ville de Lille organise sa 1ère exposition internationale qui se déroule sur l’Esplanade de Lille et sous les frondaisons du Bois de Boulogne. Cette manifestation qui se déroule d’avril à octobre 1920 comprend des attractions commerciales, culturelles et sportives organisées à l’intérieur d’un village qui dispose de rues, de places, de squares et même d’une église. Si cette exposition n’est pas à l’image des fastes d’antan, elle est marquée par une volonté de montrer les particularismes flamands festifs, traditionnels et folkloriques, notamment les Géants lillois Lydéric et Phinaert, les joutes ou l’estaminet… |

Exposition internationale
Les Fêtes du Lundi
Le Grand Echo du Nord et du Pas-de-Calais – 14 juillet 1920 (© BNF Gallica)
Dans la soirée, le temps, après l’orage, s’étant un peu rafraichi, nombreux fut le public qui assista aux fêtes de l’Exposition.
Des courses de nageurs, plongeons en longueur, en profondeur, etc., attirèrent, aux abords du Pont Napoléon, c’est-à-dire sur le territoire verdoyant de Lilleneuve-sur-Deûle, tout un peuple de curieux.
Au cabaret de « l’Nouvielle Avinture », les amis du patois s’étaient donné rendez-vous. Les bons géants, Lydéric et Phynaert, la tête perdue dans le feuillage des marronniers, présidaient impassibles à la fête. Dans les arbres, des guirlandes de lampes électriques sont d’un effet magnifique.
D’un côté, sur la terrasse du cabaret, un orchestre de tziganes en « salopettes » (oui, en salopettes très élégantes, ma foi !) alternaient fox-trotts et tangos ; et, en face, au bout de la double haie de spectateurs, se dressait une estrade dont les décors étaient constitués par des pylônes de fûts de bière.
Tout à coup, porté en triomphe sur les épaules de deux solides « Lillos », voici Saint-Lundi qui entre en scène. Il est vieux, sa barbe est grisonnante, il porte des bas rouges et une courte veste de velours. Mais cela ne diminue en rien sa soif insatiable… A peine l’a-t-on installé sur le tonneau qui lui sert de trône, il réclame à boire, et de gracieuses « cabaretières » lui servent de la bière à pleins brocs.
Le chœur des spectateurs patoisants entonne alors la bonne chanson « Vivent les Saint-Sauveur »», d’Em. Hornez.
Puis, tour à tour, un menuisier, un peintre, un musicien, viennent chanter à Saint-Lundi, leurs couplets à la gloire du vin et de la bière.
Au beau milieu de la beuverie, M. Prud’homme, coiffé d’un énorme chapeau haut de forme gris, vient leur dresser procès-verbal, menaçant le Saint de lui faire boire de l’eau de la Deûle « parfumée, savonneuse et colorée ».
Mais un bourgeois – M. Aug. Labbe – arrive pour réciter à l’« empêcheur de danser en rond », les commandements de Saint-Lundi, et déclarer que M. Prud’homme étant complètement ignorant des coutumes du pays, sa place est ailleurs qu’au cabaret de la Nouvelle-Aventure. Sur quoi, les buveurs « sortent » ce benêt de Prud’homme; tandis que les chœurs du public entament : « Vivent les Saint-Sauveur ».
Cette gracieuse farce obtint du public des salves nourries d’applaudissements.
La soirée se continua le plus joyeusement du monde par des chansons et quelques danses. On ne craignit pas de s’user les semelles sur le gravier pour exécuter one-steps et valses…
Pendant ce temps M. Philippot dirigeait son orchestre qui donnait un brillant concert dans le Jardin hollandais.
Parmi l’assistance, ·on remarquait MM. Delory, maire ; G. Moithy, adjoint aux fêtes ; Annicotte, représentant M. le Préfet du Nord ; Charles Roux, commissaire général de l’Exposition ; Reubrez, des « Amis de Lille », etc. etc.


Bonjour,
Peut-on se contacter car je mène également des recherches (mais plus spécifiquement liées à l’Art) sur l’Exposition Internationale de Lille 1920?
Bien cordialement,
E. M.