Les Fêtes de Lille
Le Grand Echo du Nord et du Pas-de-Calais – 23 juin 1911 (© BNF Gallica)
Les fêtes communales des 24, 25 et 26 juin s’annoncent comme devant être particulièrement brillantes.
Le samedi 24, une retraite en musique, avec tramways illuminés, en sera le prélude. Cette retraite suivra l’itinéraire suivant : Place Catinat, rue Colbert, place de la Nouvelle-Aventure, rues Corneille, d’Iéna, place des Quatre-Chemins, rue de Wazemmes, Fontenoy, Philippe-de-Comines, Valenciennes, de Bavay, Mont-de-Terre, du Long-Pot, du Prieuré, de Bouvinesn Place Madeleine Caulier, Saint-Gabriel, du Faubourg-de-Roubaix, de Roubaix, place des Reigneaux, rue des Ponts-de-Comines, Faidherbe, des Manneliers, Grand’Place, rue Nationale, place de Strasbourg, rue Nationale, place de Tourcoing.
Nous n’indiquerons pas tous les jeux populaires auxquelles l’administration consacre 15.000 francs en espèces ; notons pour le moment les principales réjouissances et fêtes sportives divers.
La journée du dimanche comprend la revue des Sociétés boulevard des Ecoles et son pittoresque défilé. Ainsi qu’il est de coutume depuis quelques années, nos géants lillois, Lydéric et Phinaert y participeront ainsi que jeanne Maillotte, le Tambour major et les tambours des Hurlus.
Pendant le défilé des Sociétés, le championnat cycliste universitaire aura lieu sur le parcours Lille, Tourcoing, Roubaix, Lille. Le départ est fixé à 7 heures du matin, au poste d’octroi du boulevard Carnot.
L’après-midi, , à 2 heures, place de Tourcoing, le concours organisé par l’Emulation canine s’annonce comme devant être des plus intéressant par les prouesses que l’on est arrivé à obtenir de ces amis de l’homme.
Des auditions musicales auront lieu sur la Grand’Place, de 4 à 5 heures, par l’excellente musique du 43ème d’infanterie, et de 9h. à 11 heures et demie, par la Chorale des XXX et la fanfare les Amis réunis de Wazemmes. »
La journée du lundi, nous réserve une grande fête aérostatique, place de la république, par l’Emulation aérostatique du Nord ; un tournois d’escrime au Palais-rameau organisé par les salles d’armes réunies de la ville de Lille ; un festival de musique offert aux sociétés lilloises qui devront se faire entendre à partir de trois heures et demie sur les kiosques de la place Catinat, de la place du Concert, du Square Ruault et du Jardin de Fives.
Le sori un concert sera donné, de 9 heures à 11 heures sur la Grand’Place par le « Club des Vingt »
Le clou de ces réjouissances sera certainement les illuminations électriques.
Abandonnant nos grandes artères, cadre ordinaire des illuminations, l’administration municipale a décidé qu’elles se feraient cette dans le magnifique coin de verdure qui s’étend du Square Daubenton au Pont Napoléon.
Des milliers de feux électriques surgissant des arbres et de nombreux motifs lumineux éclaireront pendant trois soirées notre magnifique promenade, ainsi que les rives de la Deûle et leur donneront un aspect féérique.
Le dimanche et le lundi, comme pour en rehausser l’éclat, la Deûle prendra un aspect de fête, car de nombreuses barques illuminées à giorno la sillonneront durant deux soirs.
Si le temps est beau, on aimera à se promener dans ce décor et à entendre, au kiosque du Rond-Point de l’Esplanade, les concerts donnés le samedi, par la Musique des « Canonniers sédentaires » ; le dimanche par l’Emulation chorale et le « Cercle Berlioz »- Qui interpréteront « Lille Héroïque » de Sinsolliez, et le lundi par la Musique des sapeurs-pompiers.
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Les Fêtes de Lille
La Journée de Dimanche – La matinée
Le Grand Écho du Nord et du Pas-de-Calais – 27 juin 1911 (© BNF Gallica)
La revue des sociétés de jeux et des sociétés musicales Lilloises a été passée, boulevard des Écoles, par la municipalité, au milieu de l’enthousiasme populaire.
Du vent ! Un vent violent, de gros nuages, qui roulaient, menaçants, dans le ciel, pouvaient faire craindre, dimanche matin, la chute de formidables averses.
Fort heureusement, la pluie n’est pas tombée et n’a pas compromis le succès du défilé des sociétés de jeux et des sociétés musicales lilloises, cette fête populaire entre toutes.
Cette revue a été passée boulevard des Écoles, par M. le maire de Lille, entouré de son Conseil municipal, au milieu d’une affluence considérable.
Il faut y avoir assisté pour se rendre compte de l’intérêt qu’y portent nos populations ouvrières.
Nous avons vu, sur les terre-pleins du boulevard des Écoles, 184 sociétés comprenant 6.000 joueurs et musiciens alignés en un ordre parfait, comme des sections militaires. Tous, bouchonneux, pêqueux, joueurs de bac, de boules, de palets, arbalétriers, archers, observent une attitude digne et correcte.
Ils se font un honneur de mériter la médaille de bonne tenue. Aussi, n’entendons-nous aucun cri discordant, aucun chant déplacé.
Dès neuf heures et demie, toutes les sociétés se sont massées en bon ordre pour le défilé. En attendant l’arrivée de la municipalité, les vingt-trois sociétés de musique qui prennent part au cortège se font entendre tour à tour.
Les landaus officiels apparaissent d’ailleurs à l’heure réglementaire.
Aux accents de la « Marseillaise », jouée la Musique des pompiers, le maire et les conseillers s’avancent entre deux haies humaines formées par les sociétés dont ils passent immédiatement la revue.
Le Maire a un mot aimable pour chacun et il recueille de vives marques de sympathie.
La revue terminée, M. le Maire et le Conseil municipal vont se placer sur le bord du terre-plein, à l’angle des boulevards Louis XIV et des Écoles, pour assister au défilé.
Pendant près d’une heure se déroute alors un cortège qui synthétise bien l’esprit gaulois et bon entant de nos populations.
Ce défilé, dans lequel les nombreuses sociétés de musique entretenaient une ardente gaieté. était des plus pittoresques.
Il entendrait un charivari indescriptible, un véritable chaos de sons, toutes les musiques jouant la « Marseillaise » au fur et à mesure qu’elles passaient devant M. le maire
On y retrouvait les anciennes sociétés de bouchon avec leurs noms bizarres et drôles : les T’as le Mapp, les Frappés, les Sans Bille, et d’autres qui sentent le terroir et qui se passent dans le peuple, par tradition.
le maire a revu aussi avec plaisir les jouteurs sur l’eau et les champions de la bascule hydraulique qui, chaque année, se font toujours remarquer pas leur excellente tenue
Ils sont devenus indispensables au succès des Fêtes de Lille. Qui ne connaît, en effet, leur uniforme bleu, blanc, rouge dont le blanchissage est toujours particulièrement soigné ?
On a remarqué dans le cortège des sociétés nouvelles : les joueurs de javelot et de billon. Le javelot est un jeu d’adresse qui ressemble à la fléchette ; le billon est également un jeu d’adresse. Il est fort en honneur dans le Pas-de-Calais et le Cambrésis.
Nous avons pu nous rendre compte, par le nombre d’adhérents aux deux sociétés, que ces deux jeux n’avaient pas tardé à s’implanter chez nous.
Les joueurs de javelot et de billon ont défilé vaillamment comme en pays conquis.
Il ne s’est produit aucun accident au cours du défilé.
Le Maire a pu constater qu’il gagne de plus en plus l’estime et la sympathie de ses concitoyens.
Les géants Lydéric et Phinaert, l’héroïne Lilloise Jeanne Maillotte et le chef des Hurlus fermaient la marche du cortège.
Ces personnages n’étaient pas sortis depuis plusieurs années de la halle aux sucres où on les abrite.
Ils n’ont pas vieilli outre mesure. On avait, pour la circonstance, redoré le casque de Phinaert le traître et mis du rouge aux joues de Jeanne Maillotte.
Quant au brave Lydéric, il porte toujours le faucon déplumé qui l’a rendu célèbre.
On a toujours plaisir à revoir ces bons Géants qui, autrefois, étaient de toutes les fêtes populaires et qui évoquent encore aujourd’hui la plus belle légende de l’histoire de Lille.
Le défilé était terminé vers onze heures. Le cortège poursuivit sa route par la rue de Paris et se disloqua quai de la Basse-Deûle.