Lille – Les fêtes de Fives-Saint-Maurice
Le baptême du P’tit Lydéric
Le Grand Écho du Nord et du Pas-de-Calais – 22 août 1905 (© BNF Gallica)
La quatrième journée des fêtes de Fives-Saint-Maurice, favorisée par un temps superbe, avait attiré, dimanche après-midi dans le quartier une foule considérable, pour la. plus grande joie des forains et des débitants.
Grands et petits se sont franchement amusés pendant ces quelques heures au cours desquelles les bons géants Lydéric et Phinaert se sont promenés par les ruas du1 faubourg, entourés des exhibitions les plus suggestives.
Il s’agissait du baptême du P’tit Lydéric, dont Jeanne Maillotte devait être la marraine :
« Elle avot t’au qu’on le baptiche ;
Malheureuseirent, comme elle étot moint riche,
I1 fallot bin en ‘faire des combinaisons :
Pîves-Samt-Maurice justement faijotent fiète,
In profiter chètot l’ moyen l’pus chic,
Et ch’est pourquoi les géants se mirent in tiète
D’ faire au forbourg l’ baptême de Lyderic. »
« L’forbourg » reconnaissant du choix des géants avait tenu, lui, à ce que ce baptême s’accomplisse le plus solennellement possible.
A deux heures et demie donc. les géants étaient réunis au Mont-de-Terre, au milieu d’une foule de sociétés musicales modulant leurs premiers pas redoublés et de groupes originaux, tous de circonstance. groupés autour de l’infant Lydéric.
Remarqué dans la foule au moment du départ, MM. Gossart, adjoint au maire, Agneray, Leleu. conseillers municipaux ; Auguste Labbe, organisateurs du cortège ; Soudoyez, Cocheteux, et de nombreux membres du comité des fêtes.
A travers les remous du public applaudissant et sympathique que la police. à grand’ peine, maintient sur les trottoirs. les géants s’avancent, immenses, dans leurs longues robes rouges et en leurs cuirasses grisâtres, traînés par de superbes chevaux, couverts de voiles écarlates.
Eu tête du cortège viennent des trompettes à cheval,le porte-étendard du comité des fêtes, la Fanfare des trompettes des anciens artilleurs, la Fanfare de Fives-Lille, la Chorale des Infants de Saint-Sauveur, la délégation des P’tits marchands, la Chorale des Infants d’Faidherbe, les Pompiers de Tartagroboor, tambour-major, tambour, cantinière, musique et pompiers, le conseil municipal de Tartagroboor, les Infants d’l’Vaclette.
La famille Bonnosselle avec sa maguette, les Fous réunis de La Madeleine-lez-Lille, le Choux du p’tit Lydéric, les Nourrices, les Folles-Lyriques, les Pâtissiers, les Cuisiniers de Lydéric, la Boîte de sucre offerte par Phinaert à Jeanne Maillotte, la Lyre fivoise : personnel chargé du service extérieur et intérieur du p’tit Lydéric, la Seringue, le Vase de nuit, l’Eponge la Boîte-de fécule, la société des Accordéonistes lillois. les p’tits Gendarmes de Fives-Saint–Maurice, les Voitures des p’tites fleuristes, l’Amical-Club, le Tambour-Major des Hurlus, tambours, soldats de Jeanne Maillotte Jeanne-Maillotte, la Marraine, le p’tit Lydérlc dans son berceau, Phinaert, le Parrain, Lydéric le père.
Le succès obtenu par cette originale exhibition fut indescriptible. Ce fut tout le long des rues que suivit le cortège un rire inextinguible, à gorges déployées.
Du Mont-de-Terre à la place Madeleine-Caulier, par les rues Chemin d’Huile, Aristote, Broca le boulevard de l’Usine,. les rues du Long-Pot, des Processions, de Philadelphie, Gossselin,. de Lannoy, Mirabeau, Pierre Lsgrand Guillaume-Werniers, du Calvaire, du Pont du Lion d’Or, du Faubourg-de-Roubaix, des Guinguettes, Rabelais, la foule débordante d’enthousiasme multiplia les lazzis, les interpellations joyeuses et prit un plaisir extrême à suivre les géants au son des marches entrainantes exécutées par les musiques figurant au cortège.
La place Madeleine-Caulier était noire de monde à l’heure ne la dislocation.
Tandis, que sur le public, enchanté de l’excellent après-midi, tombait les dernières poignées de dragées de baptême, les sociétés patoisantes et la Fanfare de Fives-Lille exécutaient une cantate drolatique à l’adresse du p’tit Lydéric.
Des applaudissements nourris accueillirent les chœurs des Nourrices, des Pompiers d’Tartagroborr, des P’tits Marchands, qui viennent dire, à tour de rôle, au jeune Lyderic :
Ch- petit luron
Qui a d’jà près d’ deux mètres de long.
Puis, ce fut à la famille Bonnoselle, du village de l’Blandrisse, à venir déplorer l’absence de la bonne Lili-Couque, la mère, et présenter à Lydéric un tas de « biaux cadaux », au nom de ses vaqu’s, de ses maguett’s, de ses pourcheaux.
Il était six heures et demie lorsque tous les chants exécutés, les règles. du protocole établies pour le baptême d’un fils de géant ayant été de point en point respectées, les « Vint’d’osiers »’ pénétrèrent dans la cour du patronage laïque pour y attendre le retour à leur « fameux catiau au Béguinache. »
Les fêtes de Fives-Saint-Maurice sont terminées.
Elles ont eu. cette année, un éclat inusité. En finissant notre compte rendu, il nous revient à la mémoire le refrain de la dernière cantate exécutée par les Sociétés patoisantes et bissée par la foule
Honneur à Fives et Saint-Maurice.
C’hest l’cri d’ tous les étrangers ;
Dins chés deux quartiers
I’s l’ont mérité, ch’est ustice,
A chés deux populations,
Félicitations !
Félicitations aussi au dévouement et à l’esprit d’initiative du comité des fêtes.