Publié le lundi 25/04/2011 à 12:40
Par Christian Taffin – Photo la Voix du Nord
C’est aujourd’hui le grand jour du carnaval d’été à Cassel. Alors que nos premiers lecteurs commençaient à feuilleter leur journal, à 6 h la bande du Réveil a sonné le début des réjouissances, qui dureront jusqu’à ce soir. Le carnaval de Cassel est véritablement magique. Alors, nous en avons profité pour faire parler Reuze papa.
Bonjour Grandissime seigneur Reuze papa… C’est bien ainsi qu’on doit s’adresser à vous ?
« Tout à fait, c’est le titre que me donnent traditionnellement mes fidèles sujets casselois et tous ceux qui viennent les rejoindre pour fêter le carnaval. »
De qui êtes-vous le fils ?
« Je suis le fils d’Ambroise Bafcop, artiste casselois qui m’a créé en 1827, ce qui fait de moi le doyen des géants de Flandre. Mon épouse, Reuze maman, a été créée en 1860 par Alexis Bafcop, frère d’Ambroise. Je suis aussi le fils de la tradition et des légendes, car il y en a plusieurs qui courent à mon sujet. Les uns voient en Reuze maman et moi un couple de héros débonnaires et bâtisseurs. On parle aussi d’un être d’une taille exceptionnelle qui serait venu de la mer et qui aurait fait de ses mains les monts de Flandre. Chez les craintifs, on penche pour un ogre d’une taille démesurée qui menaçait la ville. Mais, regardez-moi bien : est-ce que j’ai l’air d’un ogre ? Et, si j’étais méchant, les Casselois m’aimeraient-ils autant ? Feraient-ils autant de bruit à l’aube pour me tirer de mon sommeil hivernal et m’inviter à venir faire la fête avec eux ? »
Vous ne faites vraiment pas votre âge, en tout cas.
« C’est normal, car tout est magique au carnaval de Cassel. En l’an 2000, je me suis adressé à mon ami le Dr Kakiskof qui m’a fait passer dans son Four merveilleux… et j’ai rajeuni. Quelques naïfs semblent croire que j’aurais plutôt été cloné. La vérité vraie est celle que je viens de vous confier. Demandez donc à Reuze maman, elle est passée, elle aussi, par le Four merveilleux l’année suivante et elle a ainsi retrouvé tout l’éclat de sa jeunesse. »
Vous êtes visiblement très amoureux de Reuze maman, mais peut-être aussi un peu jaloux et misogyne, car vous ne la laissez sortir que le lundi de Pâques, alors que vous faites seul le carnaval d’hiver…
« Il ne faut pas tout mélanger jeune freluquet. C’est à la fois une question de tradition et de génération. Au départ, il n’y avait que le carnaval d’hiver durant lequel Reuze maman et moi sortions de notre cachette pour arpenter le mont avec les Casselois qui dansaient autour de nous. Mais, en 1902, il a fait tellement froid que le carnaval a été reporté au lundi de Pâques. L’année suivante, les Casselois ont décidé de conserver les deux cortèges, celui qui précède le Mardi gras et celui du lundi de Pâques. Quant à vos accusations de misogynie, je préfère ne pas y répondre. Sachez simplement que je suis d’une génération où l’on ne se posait pas de telles questions. D’ailleurs, au XIXe siècle, Reuze maman ne sortait pas à chaque carnaval. Et puis, vous savez, les femmes sont plus frileuses que les hommes, alors, l’hiver, elle préfère rester à la maison ! »