Les photos de cet article ont été extraites de l’ouvrage « Fêtes et Géants du Nord, Augustin Boutique photographe 1862-1944 », catalogue de l’exposition réalisée par la photothèque Augustin Boutique à Douai en 1992. |
La Kermesse de Dunkerque – 04 juillet 1897
Le Grand écho du Nord de la France du 06 juillet 1897 (BNF Gallica)
La journée de dimanche
La kermesse de Dunkerque n’a pas été favorisée, cette année, par le beau temps.
La pluie est tombée à plusieurs reprises pendant les trois premiers jours : dimanche, lundi et mardi derniers. Hier dimanche, la pluie s’est fait craindre un moment dans la matinée, mais elle n’est pas tombée. Malheureusement le vent soufflait avec assez de force et le froid était assez vif, étant donnée la saison.
Le programme de la journée du dimanche 4 juillet était des plus variés.
Il comprenait tout d’abord un grand concours international de pêche à la ligne organisé par la société du Poisson-Rouge, de Dunkerque ; une promenade de géants au profit des crèches et écoles maternelles de Dunkerque, un tir aux pigeons organisé par les Chasseurs-Réunis, un tir à la petite arbalète par la société St-Georges, un concours de tir à la carabine Flobert par la Dunkerquoise, concours de jeux de boules, de cartes, de bouchon, etc., etc.
Dès la première heure, les trains de plaisir arrivaient à Dunkerque et déversaient en ville des milliers de voyageurs.
Les sociétés de pêcheurs se forment en colonne et, musique en tête, les Chevaliers du percot, leurs pacifiques engins sur l’épaule, défilent entre deux haies de curieux. Toutes les sociétés ont été reçues au local du Poisson-Rouge, où les vins d’honneur ont été offerts, L’une de ces sociétés, les Goujons-Frits, de Lestrem, a déposé sur le socle de la statue de Jean-Bart une magnifique couronne portant l’inscription suivante : « Hommage au vaillant Jean-Bart, les Goujons-Frits de Lestrem. »
Le concours de pêche avait réuni 20 sociétés et 480 pêcheurs. Ces sociétés sont :
Les Goujons, de Lestrem (cette société a remporté le prix de drapeau et de bannière, le 1er prix de tenue, le 1er prix de nombre) ; les Francs-Pêcheurs, de Douai ; les pêcheurs du Panama, Rost-Warendin ; les Amis-Réunis, de Tourcoing ; les Napolitains, de Coudekerque ; la Perche, de Dunkerque ; les Percots, de Béthune ; la Ligne ardente, de Pantin (Paris) ; l’Espérance, de Roubaix ; les Pêcheurs-Réunis, de Pantin (Paris) ; la Sentinelle, de Gravelines ; les Gardons, de Waziers ; les Poissons-Rouges, de Dunkerque.
Sociétés belges : le Cercle Lafoque, d’Ypres ; Courage-et-Espoir, de Dixmude ; l’Espérance, de Wulpen ; Izergoonen, de Dixmude ; Indépendant, de Furnes ; les Pêcheurs libres, de Furnes ; les Pêcheurs du Nord, de Dixmude.
La promenade des géants
Le clou de la fête était sans contredit la promenade des géants. Le cortège, qui a parcourt toutes les principales rues et places de Dunkerque était des plus brillante.
Un groupe de gendarmes à cheval ouvrait la marche. Venaient ensuite un char traîné par deux magnifiques chevaux, la Société de trompes de Paris, les Amis de St-Hubert, puis un groupe de figuemans (pêcheurs), quatre tambours, la Musique de la gymnastique, tous déguisés ; deux boutiques de charcutier et de boulanger ambulants suivis de leur plus gros client, le président colosse de la Société des mille kilos. Ce géant était assis sur un char garni de jambons, pains, bouteilles, tonneaux et victuailles de toutes sortes.
L’harmonie l’Union de Fives, de Lille, dirigée par M. A. Rousseau, suivait ce robuste mangeur, puis deux charretées de négrillons escortant M. et Mme Chocolat, deux superbes géants nègres du Congo.
L’orphéon en Raie Majeure venait ensuite, composé de solides gaillards, déguisés en pêcheuses. Cet orphéon précédait la Reine du Minck, une géante portant sur ses genoux un énorme poisson en carton et toile.
Les petits fifres, tambours et trompettes de l’école communale, déguisés en gardes-françaises, marchaient après les poissardes, puis un char-aumônière.
La musique communale de Cassel précédait son « Reuse », en jouait l’air populaire de ce géant.
Le « Reuse » de Cassel était accompagné de clowns à cheval et à pied, de son turc et de son coq de combat.
Les tambours et clairons des sapeurs-pompiers de Dunkerque venaient ensuite, la musique communale de Dunkerque ; « Jacquot », « Bimbin » et leur sœur « Fillon » précédaient leurs augustes parents « Gayant » et sa noble épouse, en jouant avec leur camarade le « Sot des Canonniers »…
L’union française des Trompettes, de Lille, directeur M. A. Clarey, fermait la marche avec Reuse, le célèbre géant dunkerquois.
Cette promenade, qui a duré plusieurs heures, s’est passée sans encombre.
Les bals du Parc de la Marine, de la Halle, etc., ont été très animés.
Le concours de phothographie avait réuni beaucoup d’amateurs.