Les Fêtes de Lille
La journée du dimanche
Les fêtes de Saint-Sauveur et Saint-Maurice
Le Grand Echo du Nord et du Pas-de-Calais – 22 juin 1909 (© BNF Gallica)
Les fêtes commencées samedi soir, ont repris dimanche matin, au milieu de l’enthousiasme et du soleil. Le soleil, l’enthousiasme, la bonne humeur, une foule et un succès tels, qu’on n’en vit rarement – jamais – à Lille. Voilà, en effet, ce qui caractérisera ces trois jours de joie, de joie pour tous, dus à la collaboration féconde et harmonieuse de la municipalité, du comité des fêtes Saint-Sauveur-Saint-Maurice, de l’Emulation Aérostatique, etc., et de tous nos concitoyens. Lille a été envahie par une foule énorme. Il faut se reporter très loin, pour retrouver une aussi nombreuse affluence d’étrangers.
Tournoi d’escrime
Le Tournoi d’escrime qu’a organisé l’Académie d’Armes du Nord et dont la première séance eut lieu dimanche à 9 heures, à l’Hôtel des Canonniers, obtient un joli succès. Un nombreux public se pressait à cette première réunion
Les différentes « planches » où se disputaient les championnats de l’Institut Industriel du Nord, des Etudiants, du Lycée Faidherbe, et la poule d’honneur des membres de la Salle d’Armes furent très suivies.
Nous avons assisté à de beaux assauts entre Étudiants, élèves die l’Institut Industriel et élèves de la salle Oudart.
Pendant que dans la salle d’honneur de l’Hôtel se disputaient ces championnats au fleuret, la vaste cour servait de champ clos pour- les assauts à l’épée qui nous permirent de constater que l’Académie d’Armes possède des fines lames.
Belle séance en résumé, qui sera suivie d’une seconde, .lundi à 8 h. 1/2, réservée au concours au pistolet de combat et match au sabre.
Voici le résultat des concours de dimanche :
Championnat de l’Union des Etudiants : fleuret, épée et sabre. – 1er prix, MM. J. Desbordes et Colpart ; 2ème, Membré de Mouessan ; 3ème, Bavière ; 4ème, Chandun ; 5ème,,Stoclet ; 6ème, Decauv ; 7ème, Constant ; 8ème, Mugnet ; 9ème, Ledru.
Championnat de. l’Institut industriel du Nord. – 1er prix, MM. Bridier ; 2ème, Damoin ; 3ème, Schwander ; 4ème, Raveau ; 5ème, Germain.
Championnat du Lycée Faidherbe, 1ère division. – 1er prix, MM. André Depléchin ; 2ème, Max. Oudart ; 3ème, Chrétien ; 4ème Huchard ; 5ème, Ricard ; 6ème, Hornez.
2ème division. – 1er prix. MM. Pierre Fauchille ; 2ème, Mahieu ; 3ème, Dautricourt ; 4 ème, Lefèvre ; 5 ème, Cremer.
3ème division. – 1er prix, MM. MM. Jean Brackers d’Hugo ; 2ème, Surmont ; 3ème, Jean Drieux ; 4ème, Leclercq ; 5ème, Vandeputte ; 6ème, Palant.
Groupe de la salle Oudart. – Seniors. — 1er prix, MM. Horace Boulogne ; 2ème, Montagne ; 3ème, H. d’Henripret ; 4ème, Jacques Depléchin ; 5ème, Butez ; 6ème, Vanroy ; 7ème, Muller.
Juniors. – Prix spéciaux. — 1er prix. MM. Pierre Dewilde ; 2ème, Georges Scol ; 3ème, Basquin ; 4ème, Maurice Chizat.
La distribution solennelle des prix aura lieu jeudi 24 juin, à cinq heures, au Conservatoire, sous la présidence d’honneur de M. le Maire de Lille et de M. l’adjoint aux fêtes, avec une brillante audition musicale et un gala d’escrime entre les vainqueurs du tournoi.
La revue des sociétés
Les géants lillois Lydéric et Phinaert, ainsi que Jeanne Maillotte, y participent.
La revue des sociétés prenant part aux concours et jeux populaires a été le « clou » des fêtes de la matinée de dimanche.
Cette année, pour permettre aux nombreuses sociétés de pêcheurs venues à Lille, de participer à cette revue, on avait retardé l’heure du rassemblement des groupes sur le boulevard des Ecoles. Au lieu de neuf heures, la revue avait été fixée à onze heures. Cette modification permit à une foule beaucoup plus considérable d’assister au défilé des sociétés. Cette partie des fêtes de Lille est l’une de celles qui plaisent le plus au public. Elle est bien locale, bien dans la tradition de l’esprit lillois qui a conservé le goût des cortèges en musique. Quoi, d’ailleurs, de plus pittoresque que ce long défilé de sociétés aux titres si divers, parfois si drôles et cocasses, précédées de drapeaux curieux, tantôt propres, tantôt vieux de quinze ans, ayant conduit comme ceux de nos régiments leurs « soldats » à la victoire, c’est-à-dire au succès dans les concours de bouchon, de beigneau, de tir à l’arc, etc.
Dès dix heures et demie, les groupes se forment et se rendent à leurs emplacements.
Dès lors, le boulevard des Écoles offre un aspect grouillant aux couleurs variées, criardes même. Les tambours dominent, font un bruit assourdissant ; les clairons réveillent ceux qui, derrière eux, les suivent mal réveillés, Les accordéons, aux sons nasillards, passent l’air grave. Partout du bruit, du mouvement. des couleurs, des jeunes gens, des vieux ; des fillettes, des femmes qui sont des cantinières portant sur leur poitrine les médailles de leurs sociétés.
Les bouchonneux sont plus nombreux que Fan dernier ; on ne compte pas moins de 141 sociétés ayant chacune leur drapeau, leur tambour-major, leur clairon, leur pancarte portant leur titre toujours drôle, suggestif, un peu risqué parfois.
A onze heures, les quatre landaus officiels descendent à l’entrée du boulevard des Ecoles: MM. Charles Delesalle, maire ; Dambrine, Danchin, Binauld, adjoints ; Léon- Gobert, Druez, Leleu, Danel, Coilliot, Coutel, Parmentier. Lesot, Selos, Gronier, Guiselin, conseillers municipaux ; Assoignioin, secrétaire général de la mairie.
La. musique des sapeurs-pompiers joue la « Marseillaise ». M. le maire serre la main à M. Deffrennes, président du comité des fêtes de Saint-Maurice-Saint-Sauveur, puis, suivi des adjoints et des conseillers, il passe devant le front des sociétés. C’est presque une armée que M. le maire visite. Il y a là rassemblés. plus de 5000 sociétaires; des tireurs à l’arc, des pêcheurs avec leur ligne et leurs épuisettes, tout leur matériel. Les musiques jouant, les tambours résonnent. les clairons soufflent terriblement. C’est une cacophonie bruyante. Des sociétaires se découvrent, d’autres se contentent de saluer de la main, le premier magistrat de la ville.
A l’extrémité du boulevard des Ecoles, une surprise attend M. le maire et les conseillers. Lydéric et Phinaert, les deux. géants lillois sont là. On les a habillés de neuf. Ils en avaient bien besoin, paraît-il. Les mites avaient dévoré leur costume ! Aujourd’hui, ils sont pimpants. Lydéric porte une perruque blonde, un peu en désordre, et tient dans la main, le faucon légendaire. Phinaert – le tyran – sous son casque ailé, roule des yeux terribles. Jeanne Maillotte, une lance à la main, et le tambour-major des Hurlus, précèdent tes deux géants.
Après la revue, le défilé. Il fut long et pittoresque, à souhait.
La fête aérostatique
Les derniers préparatifs. – Le succès a été grand
Cette grandiose manifestation de l’aérostation était appelée à remporter un immense succès: Elle l’a obtenu.
L’Émulation Aérostatique du Nord a mené sa tâche à bien. Elle a surmonté toutes les difficultés et tout a été réglé avec » un soin, minutieux, et dans les moindres détails.
Dans la matinée, le ciel menaçait, mais dans l’après-midi, le soleil présida la fête. De bonne heure, le gonflement des ballons a commencé.
Tous les aéronautes sont à leur poste, inspectant l’énorme canalisation de gaz, qui va de rentrée de la rue Léonard-Danel, à chaque ballon. Vingt-six aérostats sont là, qui se balancent gracieusement sous les coups du vent. Chaque pilote dépouille fébrilement l’enveloppe que M. Palin vient de leur remettre, et qui contient les conditions du concours, un tarif de retour de matériel et un brassard. Habilement paré et tressé de guirlandes de fleurs, le ballon à poursuivre est l’objet de soins particuliers des clames qui l’entourent de fleurs naturelles. Le pilote Delannoy, un vieux de la vieille, m’agrippe : « Toi, t’as l’air d’un reporter ! Eh bien ! marque dans ton journal que les poursuivants vont avoir la vie dure, car, avec ce vent qui nous mène en Belgique, nous allons filer comme des… zèbres. »
Les soldats du 16″ bataillon de Chasseurs à pied prêtent leur concours.
D’immenses barrières, sur lesquelles, en grosses lettres, se détachent « Défense de fumer », interdisent l’accès du parc. Des oriflammes reliées à de grands poteaux, s’agitent et claquent fièrement; la tribune officielle, aménagée avec goût, s’apprête à recevoir ses hôtes.
Dès deux heures, la foule arrive. On se précipite aux guichets comme s’il s’agissait de pénétrer sur un champ de courses pour ne pas manquer le premier départ.
En moins d’une demi-heure, les enceintes à 50 centimes, un franc et cinq francs sont envahies par un public considérable, maintenu à quelque distance du grand parc où maintenant les vingt-six ballons gavés de gaz, se balancent mollement les uns à côté des autres. Les gendarmes, la troupe, les agents ont fort à faire. Aux portes, il y a des altercations entre le contrôle et le public pressé. Souvent la police est obligée d’intervenir pour aplanir de son mieux certaines difficultés que le comité d’organisation n’avait, malheureusement, pas prévues.
Ceux qui préfèrent les places gratuites emplissent l’allée qui conduit à la Citadelle, l’avenue Cuvier, l’avenue des Marronniers. Pour mieux voir, il en est qui se sont servis des voitures qui les ont amenés.
Du monde, il y en a partout, même sur les glacis des remparts de la Citadelle, sur le mur du stand de tir.
Rarement on a vu une foule aussi considérable au Champ de Mars.
En attendant le départ des aérostats, les yeux se lèvent vers les petits ballons pilotes emportant des. cartes postales, vendues un franc, achetées par le public.
A quatre heures, le premier ballon s’élève dans les airs. Il est décoré de drapeaux aux couleurs nationales et de fleurs Cet aérostat est monté par M. Delannoy, le pilote bien connu, qui a fait plus de cent ascensions, dont plusieurs périlleuses.
C’est le départ du rallye-ballons. Ce rallye consiste à atterrir au plus près du ballon décoré. Six aérostats y prennent part. Successivement, à trois minutes d’intervalle, ces six ballons sont amenés à bras d’hommes, le plus souvent par des soldats du 16ème chasseurs à pied, au parc des départs où on les examine, les aéronautes reçoivent les dernières instructions. Aux accents de la « Marseillaise » pour les ballons français, et de la « Brabançonne » pour les ballons belges, les aérostats s’élèvent un à un dans les airs. Le temps est favorable aux ascensions. Point de vent, un soleil pas trop chaud. Les acclamations du public partent vers les voyageurs aériens. Voici « Le Tourquennois » monté par M. Emile Tiberghien, l’aéronaute bien connu de Tourcoing ; l’ « Emulation V » piloté par M. Riquez, de Lille ; le « Sans-Souci » monté par M. Charlier, d’Aniche ; le « Saturne » monté par M Langlois, d’Aniche.
L’ECHO du NORD a, lui aussi, son ballon. Une large banderole sur laquelle on lit « Echo du Nord » a été fixée sur un aérostat de 800 mètres cubes. C’est M. Gheude, de Lille, qui le pilote. Dans la nacelle, M. Lespinasse, ingénieur à l’Echo », a pris place à côté de M .D. Gheude.
A 4 heures et demi, l’ « Echo du Nord », monte dans les airs, aux acclamations de la foule et aux accents de la « Marseillaise »
Le « Pro Patria », piloté par M. Salmon, fils du directeur de l’usine de Fives, clôture cette série de départs.
En moins d’une demi-heure, les sept ballons ont été expédiés. Tous se dirigent dans la direction nord-est. Pendant quelque temps ils planent au-dessus de la ville, quelques-uns montent très haut. On dirait alors des petits ballons à deux sous qui deviennent ensuite des points noirs qui disparaissent dans l’immensité.
Le concours international d’atterrissage suit immédiatement le rallye-ballons. Dix-sept ballons, français et belges, y prennent part. Ce concours consiste à atterrir au plus près d’un point désigné à l’avance. Le choix de ce point est laissé à chaque concurrent, au-delà d’un périmètre éloigné de 25 à 50 kilomètres et fixé par le comité.
Les aéronautes peuvent emmener avec eux un ou plusieurs passagers. Ceux-ci ne manquent pas ; les femmes, comme les hommes, désirent, elles aussi, éprouver des sensations nouvelles. Plusieurs accompagnent leur mari.
Le premier partant est « Peau d’Ane », pilote : M. Payret, de l’Aéro-Club de France ; puis, de trois en trois minutes, le suivent :: la « Ville de Dunkerque », pilote M. Baratteux, du Club aérostatique de Dunkerque ; « L’Iris », pilote M. Peeters, de l’Aéro-Club de Belgique ; « Remember », pilote M. Van Eslande, de l’Aéronautique-Club de France ; le « Cosmos », pilote M. Vernanchet, du même Club ; le « Griffon », pilote M. Derivry, du même Club ; « Solitude », pilote M. Perpette, du même Club ; « Risque-Tout », pilote M. Henry Leblanc, du même Club ; Le « Mutato Nomine », cubant 1,200 mètres, piloté par M. Draneil, de l’Aé. C. P., emportant quatre hommes et une femme ; « La Miotte », pilote M. Duthu, de l’Aéro-Club de France ; « Princess », pilote M. Dinoire, de l’Aé. C.Fr ; « Eole », pilote M. Ribeyre, de l’Aéronautique-Club de France ;; « Azur », pilote M. Liefmans, de l’Aéro-Club de Belgique ; « Roitelet »,. pilote M. Geerts, du même Club ; « Aéro-Club du Hainaut », pilote M. Sentenaire ;: »Oues-Ego., pilote .M. Leprince, de l’Aéro-Club de Belgique.
Le dernier ballon du concours d’atterrissage est l’ « Anjou », piloté par M. Cormier, de l’Aéronautique-Club de France. Il emporte dans sa nacelle quatre passagers, dont M. Pajot, conseiller municipal.
Pour terminer cette fête aérostatique. le comité fit partir un ballon décoré aux couleurs de la ville de Lille, emportant une banderole blanche de 400 mètres destinée à reconnaître les directions des courants et indiquer les variations relatives du vent à diverses altitudes. Dans la nacelle de cet aérostat prirent place à côté du pilote. M. Guiselin, conseiller municipal, et un membre de la presse.
Ce fut le dernier ballon que le public vit partir. Il était-six heures et quart quand cette fête prit fin.
Lentement, la foule s’écoula dans les allées de l’Esplanade, pour chercher un peu de fraîcheur.
Pendant cette fête, le Nord-Aviation a fait tout près du stand de tir, des expériences de planement qui étaient des essais de vols à un mètre ou deux du sol.
Le public a pu se rendre compte de cruelle façon prudente sont menées ces expériences.
Les atterrissages
Dans la soirée, des dépêches sont parvenues à Lille, annonçant les lieux d’atterrissage des ballons ayant participé aux concours.
Le ballon l’ « Écho du Nord », est descendu à. Eecke-Nazareth, près de Gand. Les deux passagers ont fait un bon voyage. L’atterrissage s’est fait dans des conditions normales.
La Course Cycliste Lille-Arras
Le départ
La course cycliste d’amateurs libres « Lille-Arras », organisée dimanche par le « Nord Sportif », a obtenu un vif succès. Sur 103 coureurs engagés, 93 participèrent à l’épreuve Les opérations du contrôle de départ se sont effectuées de 1 heure à 2 heures, place Philippe-Lebon, au milieu d’un nombreux public.
De cette place, les routiers se sont dirigés en peloton jusqu’au passage à niveau de la porte d’Arras, où le départ réel de la course fut donné.
L’arrivée de la course Lille-Arras s’est effectuée au vélodrome d’Arras en présence d’une foule aussi nombreuse qu’on pouvait l’espérer un jour de fête de quartier et de procession.
Le Racing Club d’Arras, à l’occasion de cette fête, avait organisé une réunion extraordinaire qui obtint beaucoup de succès.
C’est entre deux épreuves que les concurrents de Lille-Arras sont arrivés sur la piste pour faire les six tours réglementaires, portant de la sorte, à 50 kilomètres, le parcours de la course.
C’est au milieu d’applaudissements que Pascal Poulet termina, à 3 heures 58, ayant effectué le trajet sans incident, serré de très près par un lot très important de concurrents ; il y eut même un instant un peu de tumulte lors de la signature de la feuille de contrôle, mais l’intervention énergique de MM. Nadaud, Delbare. Chariot, etc., eut vite fait d’imposer silence aux coureurs.
Partis 93 de Lille, 51 arrivèrent à Arras : les autres, pour cause de crevaison ou de chutes pas graves, heureusement, restèrent en route.
Ordre d’arrivée
Pascal Poulet, Roubaix, à 3 h. 58 ; 2. Constant Niédergang. Roubaix ; 3, Looten, Bruay ; 4. Morel, Roubaix ; 5. Lejour, Roubaix ; 6. Piquet, Lens ; 7. Delvallez, Pont-à-Vendin ; 8. Bastion, Lens ; 9. Robitaille, Lesquin ; 10. Desmet, Lens ; 11. Béague, Croix ; 12. Gontran, Lille ; 13. Moreels, Roubaix ; 14. Masson, Billy-Montigny ; 15. Verstraete, Roubaix ; 16. Poulain, Lens ; 17. Petitberghien, Ronchin ; 18. Toulouse, Lens ; 19. Fourmeaux, Lens ; 20. Caboche, Lens ; 21. Arreckx, Mons-En-Barœul ; 22. Bengels, Lens ; 23. Tessely, Lille ; 24. Adolphe Bourriez, Liévin ; 25. Delbecque, Hellemmes ; 26 Mathan, Lesquin ; 27. Swinberghe, Lille ; 27 bis. Gossart, Lille ; 28. Ledoux, Tourcoing ; 29. Picavez, Lesquin ; 30. Cabot, Arras ; 31. Moreau, Saint-Maurice.Lille ; 32. Cayet, Arras ; 33. Herris, Lille ; 34. Moulin, Loison ; 35. Senéchal, Arras ; 36. Lerat, Maubeuge ; 37. Ruinart, Roubaix ; 38. H. Voisin, Bully-Grenav ; 39. L. Guilluy, Lille ; 40. Dupier, Lille ; 41. Dumoulin, La Madeleine ; 42. Moreau, Béthune ; 43. A. Godefroy, Lille ; 44. Delporte, Marpant ; 45. Delplanque, Fives-Lille ; 46. Anselin, Divion ; 47. Boccaren, Lomme ; 48. Le Danais, Dunkerque ; 49. Périlleux. Maubeuge ; 50. Mettier, Fives-Lille.
Les Chiens de Défense et de Police
Première journée
Le grand championnat international de chiens de défense et de police de Lille, organisé par le Club Saint-Hubert du Nord, avec le concours du Club français du chien de défense, de garde et de police, sous les auspices de la municipalité, a commencé dimanche matin, à 9 heures, sur l’Hippodrome du Bois de la Deûle.
Le nombre et la valeur des sujets engagés, l’importance du tournoi avait attiré de nombreux amateurs venus de tous les points de la région, voire même de l’étranger.
Ainsi que nous l’avons annoncé, le championnat a été divisé en quatre parties, chaque partie servant à une réunion. Les épreuves imposées aux concurrents étaient également divisées en trois parties. A savoir :
1ère partie : dressage, recherche d’objets divers, sauts, recherche du maître.
2ème partie : recherche et rapport d’objets, découverte d’un homme grâce à un objet lui appartenant.
3ème partie : refus d’appât, garde de l’objet, attaque arrêtée et à l’improviste, recherche et exploration, poursuite, attaque et attitude au coup de feu, épreuve de conduite de deux hommes.
Le programme de la réunion de dimanche matin comprenait des épreuves pour chiens de défense de 2ème catégorie et pour les chiens policiers de 1ère catégorie (seconde partie des épreuves).
Le programme de l’après-midi était réservé aux chiens de défense de 1ère catégorie et aux chiens policiers de 1ère catégorie (1ère et 3ème partie des épreuves).
Le jury était composé comme suit : MM. le baron Henry de Rotschild; président du Club du chien de défense et de police de Paris ; Omar Reumon, président du Club du chien de berger belge ; Faudot, commissaire spécial de police à Lille ; Dretzen, de Paris ; Joseph Couplet, juge officiel de l’association amicale des Sociétés canines ; Louis Feidt, de la Société canine de l’Est ; Charles Roberfroid. de Bruxelles.
L’organisation parfaite du championnat tout à l’honneur de l’actif et dévoué secrétaire général du Club Saint-Hubert du Nord, a permis aux concurrents de disputer régulièrement. et très rapidement, dimanche, les nombreuses épreuves inscrites au programme. très intéressantes, furent sans cesse suivies par un public émerveillé des quantités d’ardeur, (le vigilance, d’odorat et de souplesse, dont firent preuve certains chiens).
Remarqué particulièrement à la réunion dimanche matin, le merveilleux travail de notre-célébre chien policier « Prince » présenté par l’agent de police Lévillon. « Prince » qui a contribué dans notre ville à de nombreuses et sensationnelles arrestations, fut le seul des chiens policiers qui se trouvaient réunis à découvrir l’objet (un porte-monnaie) que les membres du jury avaient fait cacher sous terre.
C’est dire que le champion du Chenil municipal de Lille figurera, certainement, lundi soir, parmi les lauréats. A noter également dans les jeunes chiens qui furent présentés par des amateurs ou éleveurs n’ayant jamais concouru jusqu’en 1909, le travail de « Sultan » à M. Courcelles, de Mouscron ; de « Ramona » à M. Abels, de Tourcoing ; de « Fyna »à M. Joseph Daufy fils, de Lille, présenté par M. Pierre Mergaers.
L’après-midi, une foule plus nombreuse que celle du matin, où l’on remarquait des dames en élégantes toilettes, est venue applaudir de nouveau les vaillants chiens policiers et de défense dans toute la série de leurs exercices.
L’attaque de l’apache surtout jeta fréquemment la note gaie parmi l’assistance. Il faut voir avec quelle hardiesse et quelle intrépidité des braves auxiliaires de la police où ces redoutables chiens de défense s’élancent sur l’apache préservé, pour la circonstance, des crocs terribles des molosses par un épais vêtement fortement rembourré.
Rien n’arrête l’élan de ces bêtes courageuses et les coups de pied, de bâton, de revolver ne semblent avoir pour effet que de stimuler leur admirable ardeur. Il nous est impossible de citer tous les chiens qui se firent remarquer durant la 2ème réunion de dimanche. Cependant, il nous faut mentionner dans la première catégorie des chiens de défense (chiens présentés par des amateurs ou des éleveurs) le travail de « Talion » à M. Verbeughe, de Bruxelles ; « Blacko » à M. Colenbie, d’Auderghem ; « Blackau » à M. Eliaers, d’Etterbebeck. Ces trois chiens se montrèrent tellement de force égale dans leurs exercices, que le jury fut contraint pour établir un classement, de leur faire subir, à la fin de la réunion, une épreuve supplémentaire.
Pour terminer, parlons encore de l’infatigable chien policier lillois « Prince » qui, avec une belle facilité, sauta un mur de 2 m. 50 de hauteur et un fossé de 6 mètres de largeur. Le public enthousiasmé des prouesses accomplies par « Prince », fit à celui-ci et à son maître une chaude ovation. Aujourd’hui lundi, deuxième journée du championnat. Réunions à 9 heures du matin et à 2 h. 1/2 de l’après-midi, avec concours-exposition de chiens de douaniers. A 7 heures du soir : lecture du palmarès et distribution générale des récompenses.
Le Grand Concours de Pêche à la ligne
Fuyant le bruit et la poussière, six cents pêcheurs s’étaient réunis autour du Grand-Carré près de la Porte Saint-André. Dans le plus grand silence, chacun, après avoir fait ses préparatifs et amorcé, suivait d’un œil avide le bouchon trop lent à signaler la prise d’un poisson qui, peut-être, lui fera décerner le premier prix. Sur cette nappe d’eau où seuls les nénuphars étalent des formes étranges, les lignes, tendues désespérément. donnaient un aspect pittoresque.
Le service, merveilleusement organisé par M. Ravet de Monteville, n’a amené aucune contestation et tous les pécheurs furent unanimes à reconnaître la bonne organisation. Dès les épreuves terminées, les sociétés se rendirent à « l’Elysée » où eut lieu la distribution des récompenses qui fut ainsi comprise : trois séries uniformes avec une durée de 30 minutes chacune, séries comprenant les pêcheurs prenant la plus lourde pèche ; 2ème une série d’honneur à la plus lourde pèche et enfin des prix spéciaux pour la tenue, pour les sociétés les plus éloignées et les plus nombreuses.
1ère série. — 1er prix, 1 poisson, 243 grammes, Nouchin, des Francs Pêcheurs de Roubaix ; 2ème, 1 poisson, 230 g, Nicolas, de La Brème d’Aniche ; 3ème, 10 poissons, 120 g, Deruick, Amis Réunis de Roubaix et Tourcoing ; 4ème, 14 poissons, 112 g, Lebrun, Francs Pécheurs de Roubaix ;5ème, 10 poissons, 91 g, Nieugart, Amis Réunis de Roubaix-Tourcoing ; 6ème, 6 poissons, 77 g, Desrousseaux, Francs Pêcheurs de Roubaix ; 7ème, 9 poissons, 72 g, Deneubourg, Anciens Amis Réunis de Tourcoing ; 8ème, 9 poissons, 70 grammes, Verhaegh, Francs Pêcheurs de Roubaix ; 9ème, 8 poissons, 69 g, Demally, Francs Pêcheurs de Roubaix ; 10ème, 8 poissons, 68 g, Dekeyser, Anciens Amis Réunis de Tourcoing ; 11ème, 10 poissons, 67 g, Bridoux, Amis Réunis de Roubaix-Tourcoing.
2ème série. – 1er prix, 11 poissons, 84 grammes, MM. Leclercq, Les Goujonneux de Tourcoing ; 2ème, 8 poissons, 77 g., Nessaen, Francs Pêcheurs Roubaisiens ; 3ème, 8 poissons, 76 grammes; Dervaux, Francs Pêcheurs roubaisiens ; Roubaix-Tourcoing ; 5ème, 4 poissons, 71 g., Courtemans, Francs Pêcheurs roubaisiens ; 6ème, 8 poissons, 68 g., Chagnian, Francs Pêcheurs roubaisiens ; 7ème, 3 poissons, 67 g., Bel-perche, Francs Pêcheurs roubaisiens ; 8ème, 1 poisson, 61 g., Dely, Escouade franche de Wattrelos ; 9ème, 1 poisson, 61 g., Hourez, Francs Pêcheurs roubaisiens ; 10ème, 6 poissons, 59 g., Descamps, Francs Pêcheurs roubaisiens ; 11ème, 5 poissons, 45 g., Tieffry, Francs Pêcheurs roubaisiens.
3ème série. – 1er prix, 6. poissons, 52 grammes, Sampersay, Les Goujonneux de Tourcoing ; 2ème, 6 poissons, 51 g., Descarpentries, Francs-Pêcheurs Roubaisiens ; 3ème prix, 10 poissons, 47 g., Tiberghien, Francs-Pêcheurs Roubaisiens ; 4ème, 5 poissons, 46 g., Bourgeois, Francs-Pêcheurs Roubaisiens ; 5ème, 6 poissons, 44 g., Faroy, Amis-Réunis de Cambrai ; 6ème, 3 poissons, 41 g., Senay, Amis-Réunis de Roubaix-Tourcoing ; 7ème, 2 poissons, 36 g., Chagnon, Francs-Pêcheurs Roubaisiens ; 8ème, 4 poissons, 31 g., Corseyns, Goujonneux de Tourcoing ; ; 9ème. 2 poissons, 30 g., Vandorme, Francs-Pêcheurs de Tourcoing ; 10ème 1 poisson, 30 g., Lehu, Francs-Pêcheurs de Denain ; 11ème, 3 poissons. 26 g., Delman, Amis-Réunis de Tourcoing.
4ème série, série d’honneur. – Premier prix, 8 poissons, 67 grammes, Tiberghien, Francs-Pécheurs Roubaisiens ; 2ème, 4 poissons, 37 g., Leclercq, Les . Goujonneux de Tourcoing ; 3ème. 4 poissons, 31 g., Schmitz, Amis-Réunis de Roubaix ; 4ème, 4 poissons, 30 g., Bridoux, Amis-Réunis de Roubaix ; 5ème, 3 poissons, 24 g., Grattepanche, Amis-Réunis de Cambrai ; 6ème, 3 poissons, 21 g., Hardy, Amis-Réunis de Roubaix-Tourcoing ; 7ème, 1 poisson, 18 g., Guilberth, Francs-Pêcheurs de Tournai ; 8ème prix ex-æquo, 2 poissons, 17 g., Bélink, Goujonneux de Tourcoing ; 2 poissons, 17 g., Damais, Pêcheurs Cambrésiens ; 9ème, 4 poissons, 15 g., Delmarcq, Anciens-Amis de Roubaix-Tourcoing.
Prix de tenue. 1ère catégorie, la plus belle.- 1er prix, Les Pecqueux Somainois, 20 francs ; 2ème prix ex aequo, La Brème, d’Aniche, 10 fr. ; Les Francs-Pêcheurs, de Denain, 10 fr.
2ème catégorie. La mieux appropriée à la pêche. – 1er prix, Les Chevaliers de la Gaule, de Douai ; 2ème, Les Francs-Pêcheurs Roubaisiens.
Prix aux sociétés les plus éloignées. – Les Amis-Réunis de Cambrai ; Les Francs-Pêcheurs Cambrêsiens.
Prix aux sociétés les plus nombreuses. – 1er prix, Franc-Pêcheurs Roubaisiens, 146 membres ; 2ème, Francs-Pêcheurs de Denain, 46 membres.
Tambours et clairons. — Francs-Pêcheurs de Denain.
Médailles et objets offerts aux cantinières. – Les Francs-Pêcheurs Roubaisiens ; Les Pêcheurs Somainois ; Les Francs-Pêcheurs de Denain ; La Brème, d’Aniche ; Les Amis-Réunis de Cambrai ; L’Escouade Franche, ce Wattrelos.
Les jeux populaires
Il n’est guère besoin de dire que les Jeux populaires ont eu leur succès habituel. Il n’y a pas de fêtes de Lille sans ces jeux populaires qui donnent aux réjouissances un cachet local.
Les amateurs de concours sont toujours nombreux. On l’a vu dimanche à la revue des sociétés. Les « bouchonneux » sont légion à Lille ; les tireurs à l’arc au berceau, au fusil-arbalète, les joueurs de billard anglais, de beigneau, sont nombreux.
Aussi les concours furent-ils très suivis. Partout de l’animation, de l’entrain sur les places. aux carrefours des rues.
Comme il faisait un peu chaud, les joueurs avaient quitté leur veston et c’est en bras de chemise qu’ils concouraient et allaient prendre des rafraîchissements dans les estaminets où la bière coula à flots.
Les Fêtes de Saint Sauveur-Saint-Maurice
Réception des Reines à l’Hôtel de Ville
La Reine de Saint-Sauveur et de Saint-Maurice, Melle Hélène Franchomme et ses demoiselles d’honneur, Melle Léa Ducatel, Hermance Franchomme, Rachel Carré, Fernande Grasham, Lucienne Boutmy et Andréa Fruchart sont arrivées à. midi à la Mairie, en landau, après avoir parcouru la rue Faidherbe, précédées de la musique royale de Poperinghe.
Elles ont été reçues solennellement dans la salle d’honneur de la Mairie. Tous les conseillers étaient présents. En un discours très joliment tourné, M. Deffrennes, au nom du Comité des fêtes, a présenté les Reines, en espérant que cette charmante coutume qui récompense si magnifiquement le Travail et la Beauté, serait suivie dans l’avenir. Puis il a remercié M. le Maire et la municipalité pour le puissant encouragement que le comité a trouvé auprès d’eux.
M. Charles Delessalle, maire de Lille, avec l’extrême amabilité et l’élégance qui lui sont habituelles, remercia le Comité de ses persévérants efforts, le loua de son heureuse initiative qui sème aujourd’hui tant de joie et félicita les Reines. Puis il remit à la Reine des Reines, au nom de la municipalité, en lui souhaitant « un bon mari »l, une superbe montre et une garniture de cheminée et l’embrassa aux applaudissements de toute l’assistance. Des jolis cadeaux ont été offerts également aux demoiselles d’honneur.
Après le départ de M. Ch. Delesalle obligé d’aller recevoir M. Loubet à la gare, M Binauld a remercié à son tour la Musique royale de Poperinghe, de son aimable concours qui ajoute à nos fêtes tant d’éclat.
Le distingué chef de cette belle musique, M van Elslande remercia M. Binauld et se déclara enchanté de l’accueil de la population lilloise.
Enfin, on trinqua joyeusement au succès les fêtes et on chanta un vivat en l’honneur de la musique de Poperinghe.
Le Cortège-Concours de chars
Au milieu de l’allégresse générale, 29 groupes et chars superbes ont défilé pendant quatre heures, égayant Saint-Sauveur et Saint-Maurice
Le comité des fêtes Saint-Maurice-Saint-Sauveur peut être fier de son cortège de chars. Rarement il fut donné aux Lillois d’en voir d’aussi bien réussi, tant pour l’importance et le nombre des chars et des groupes, que pour le bon goût et l’originalité qui les caractérisèrent.
L’organisation avait été remarquablement soignée. Autour du square Ruault, chaque char, chaque groupe, avait sa place indiquée soit par un piquet portant son numéro, soit par sa dénomination écrite à la craie sur les murs. Aussi, à trois heures et demie, grâce, il faut le dire aussi, au dévouement des commissaires, qui se dépensèrent sans compter, courant de l’un à l’autre, donnant les instructions nécessaires, tout le monde était prêt.
Et le cortège se mit en route.
Un peloton de gendarmes ouvrait la marche, suivi d’un héraut d’armes à cheval et magnifiquement costumé, portant le fanion du comité. Puis venaient, précédés d’un imposant tambour-major, des tambours et des fifres habillés en volontaires de 1792 ; le monumental char de la « Noble-Tour », peint avec art, et érigeant ses créneaux de glorieuse mémoire au-dessus de l’héroïque Barbier-Maës ; le char du Vieux Carnaval, où gambadaient tous les figurants les plus typiques du Mardi Gras : pierrots, clowns, mousquetaires, folies, dominos, polichinelles, etc. ; un superbe éléphant vantant le mérite incontestable du papier à cigarettes « Le Nil » (G. Bardoux) ; la très bonne Fanfare du Sud jouant les pas redoublés les plus entraînants de son répertoire ; un joli char symbolisait, autour du buste en plâtre de notre grand Desrousseaux., immortalisé par le sculpteur Deplechin, quelques-unes de ses chansons par des scènes choisies : le P’tit-Quinquin, le Pintleu, l’Habit d’min vieux grand’père ; le char de la Charité, chargé d’un groupe joyeux de femmes et d’enfants, au-dessus duquel, parmi les banderoles légères, les rubans, les drapeaux, les coquelicots, les bleuets, une gracieuse jeune fille aux yeux doux et tendres comme la Charité elle-même, étendait des bras protecteurs ; le « Char des Sports », décoré harmonieusement et précédé de petits gymnastes bombant fièrement le torse ; la Fanfare de Lezennes jouant sans trêve ses airs les plus allègres ; de gentilles, petites bergères tricolores piquant du bout de leurs houlettes fleuries de gros moutons très blancs et tout enrubannés ; le Char du « Bœuf Gras », où se prélassait, derrière un groupe de toréadors et de picadors aux luxueux costumes, un bœuf de taille colossale ; un char colonial, évoquant la vie d’un village noir.
Un élégant « char des Fleurs », offrant parmi l’élancement vert s’ombre de ses feuillages, une charmante princesse du moyen âge en hennin, et robe étoilée, protégée par deux exquis petits pages aux cheveux bouclés ; la Fanfare de Tourmignies, rivalisant d’entrain avec ses sœurs, les autres musiques ; un char gigantesque « A la gloire de Calais industriel et maritime », avançant sur un groupe de marins, une proue immense de navire bleu-azur et blanche ; un char « Gloire à l’espoir du monde » : une énorme mappemonde, entourée de figurants richement habillés, représentant les cinq parties du monde ; l’automobile du comité, fleurie et tendue de draperies tricolores ; la musique de l’Union de Lille; un char à « Cérès », célébrant la gloire des moissons dorées, entre un groupe de faucheurs et une longue théorie de machines agricoles ; un « Dirigeable », tenu en laisse par les Bigophones denaisiens, faisant danser au-dessus de leurs plus gros instruments, pour la plus grande joie de la foule, des bonshommes en baudruche ; un char « L’apothéose de l’alliance franco-russe », rappelant par les rouleurs et les drapeaux amis, le mémorable événement ; la « Fanfare d’Attiches », exécutant de joyeuses marches, à pleins poumons ; deux chars, d’un goût parfait : celui du Soleil et celui de la Rose, précédés chacun, d’un long cortège de gentilles fillettes en longues tuniques, aux nuances délicates, etc.
Le Char de la Paix
Liberté (Mlle Marthe BOUTMY), Égalité (Mlle Clémence MAURAT),
Fraternité ( Mlle Raymonde BECHIN)
Portant toutes de grandes fleurs en papier de même couleur ; un autre landau fleuri, du comité ; le classique, char-aumônière ; la musique de Poperinghe, très applaudie sur tout le parcours, et son magnifique vieux tambour-major au chef coiffé d’un bonnet à poils ; le char de la Paix, où le comité avait eu l’ingénieuse idée de réunir fraternellement, les plus grands chefs d’Etat en costume national (très ressemblants Nicolas II et Guillaume II); et fermant la marche, la Reine des Ouvrières, radieuse de joie et de beauté, au milieu de ses dix demoiselles d’honneur, en manteaux somptueux et d’une « cour d’amour » de troubadours, jouant pour elle, sur leurs mandolines et les guitares, de tendres romances.
Par les rues suivantes : rue Molière, boulevard Papin, place Simon-Vollant, rues de Paris, du Molinel, du Plat, place Jacquard, rue du Barbier-Maes, place du Vieux-Marché-aux-Chevaux, rue de Béthune, rue Neuve, Grand’Place, rues des Manneliers, de Paris, des Ponts-de-Comines, Faidherbe; des Sept-Sauts, du Vieux-Marché-aux-Poulets, des Arts, places des Patiniers, du Lion-d’Or, rue Saint-Jacques, place aux Bleuets, rue des Urbanistes, des Canonniers, de Roubaix, à Fiens, des Buisses, place de la Gare, rue de Tournai, de Boufflers, de Fives, des Augustins, Saint-Genois, parvis Saint-Maurice, rues de Paris Ban-de-Wedde, Saint-Sauveur, boulevard Louis XIV, ce cortège se déroula, acclamé, admiré partout, par une foule enthousiaste.
Il faut remercier le Comité des Fêtes d’être arrivé au prix de tant de démarches, de fatigues, d’initiatives, à un tel résultat. Grâce à lui, trois quartiers de Lille se sont emplis de chants, de foule, de liesse, assez pour… jusque l’an prochain !
Les Fêtes de Lille
La soirée – Les concerts et les bals
La soirée a été aussi animée, aussi gaie que la journée.
Dès 9 heures, une foule compacte envahit la Grandie-Place. Le « Cercle Berlioz » doit, en effet, y faire entendre ses morceaux les plus choisis. Sur le kiosque entouré de guirlandes piquées de multicolores ampoules électriques, surmonté d’une lyre d’or, la foule, les yeux éblouis par les ruissellements, les irradiations et les feux d’artifice de lumière, écoute, recueillie, notre remarquable harmonie. Les applaudissements nourris et répétés, les vivats chaleureux font comprendre aux artistes combien ils sont agréables à leurs auditeurs.
Au square Ruault, le Cercle musical de Poperinghe exécute les airs les plus variés de son répertoire. L’enthousiasme est à son comble. On-ne ménage pas non plus, à nos excellents voisins les éloges et les applaudissements éclatent nombreux, joyeux et les cris répétés de « Vive la Belgique » leur prouvent la grande sympathie des auditeurs. A l’air du « P’tit Ouinquin », les vivats furent.si vifs et les applaudissements si nourris, qu’ils furent obligés de le rejouer au milieu des acclamations…
Les bals qui se tinrent places Jacquard, Wicar, des Patiniers, et rue du Vieux-Faubourg, attirèrent, eux aussi, beaucoup du monde, et principalement la jeunesse.
Des airs entraînants invitent à la valse, et les couples tournoient à qui mieux mieux, à la grande joie des spectateurs qui, nombreux, se laissent tenter-et risquent un. pas de danse.
Partout, la joie débordante d’une foule heureuse ; les plus moroses se dérident, et les ennuis, les soucis sont oubliés, faisant place à la gaieté.
Fête de gymnastique
Réussie en tous points, la fête de nuit qui eut lieu place de l’Ancien-Marché-aux-Che-vaux et rue du Molinel.
Bien avant 9 heures, la foule se massait, sur cette place, et ne tardait pas à applaudir nos vaillants gymnastes, en leurs différents exercices et pyramides.
La fête gymnique se termina par des scènes antiques, reproduites par des gymnastes vêtus de maillots blancs. Ces tableaux vivants, présentés sur une estrade surmontée d’un fond noir, firent grande impression sur la foule, qui ne ménagea cas ses bravos.
Les illuminations
Elles ont été superbes.
On a beau être cuirassé de scepticisme et cultiver « l’air blasé », malgré soi on admire. Il fallait entendre, dimanche soir, quand, vers 9 heures, subitement, comme sous une baguette de sorcier, des milliers et des milliers de fleurs électriques ont éclos sur la Grand’ Place un « ho ! » d’étonnement joyeux, des bravos sont partis de toutes les poitrines spontanément,
Et comment ne pas être émerveillé ? Une gaine de feu entoure la colonne de la Déesse ; du faîte partent des centaines d’arceaux lumineux et multicolores, autour des courbes élégantes piquées de fleurs de feu s’élancent ; plus au large encore, des girandoles d’autres fleurs de rêve se balancent.
La Porte de Paris est un nouvel enchantement. On a combiné, pour la faire belle, tous les systèmes d’éclairage : tubes de mercure emplissant les voûtes d’une buée bleue ; lumière incandescente du magnésium autour de la croix de la Légion d’honneur qui décore le blason de Lille, celle-ci en ampoules rouges et jaunes, et, au sommet, étoiles qui s’éteignent, se rallument, variant leur couleurs et leurs dessins.
Et partout, ce sont des allées de lumières rouges, rangées, dorées ; ce sont des lustres de feu au milieu des rues les plus pauvres, les plus étroites, les plus sombres, les plus ingrates ; ce n’est pas seulement la rue de Paris, la rue de Ban-de-Wedde, le square Ruault qui irradient, mais aussi les passages, la « Cour des Trépassés », elle-même !
C’est un effort superbe qui laissera dans la mémoire de tous les Lillois, un inoubliable souvenir.
Les atterrissages
Nous avons décrit d’autre part la belle fête aérostatique.
Voici les atterrissages dont la nouvelle est parvenue à Lille, jusqu’à une heure du matin :
Le ballon I, « Président Portet », monté par M. Delannov, ballon à poursuivre par les ballons participant au rallye, est tombé à Saint-Génois, près Courtrai (Belgique), vers 5 heures du soir, après avoir marché à une altitude moyenne de 400 mètres.
« Solitude » (pilote M. Perpette de l’Aéronautique-Club de France), est descendu à Rolleghem (près de Courtrai), vers 6 heures du soir.
Le « Cosmos » (pilote M. Vernauchet, de l’Aéronautique C.F.), a atterri vers 6 heure ½, : à Elsery (Belgique).
«Mutoto-Nomine» (pilote M. Draneil , de l’Aéronautique C.F.) a touché terre à 6 heures 20, à Varlebecque (près de Courtrai).
« Remember » (pilote M. Vaneslande, de l’Aéronautique C.F.), a abouti à Huyce, près de Deuze.